Novembre 2001.
Le mois le plus froid de l’année.
L’automne a pointé son nez en septembre, puis l’a cassé durant tout le mois d’octobre, finalement novembre a ouvert la porte à l’hiver. Ce mois ci, nous avons échappé aux grands froids tels ceux des novembres 93 et 98 où des –10° à –12° avaient été notés à plusieurs reprises en différents points de la région, nous avons aussi évité les neiges des années 82, 85, 96 et 99. Et pourtant, ce mois est le septième novembre le plus froid en température moyenne à Andrézieux-Bouthéon, depuis au moins 1946. La cause de cette fraîcheur est dans l’absence totale de période douce durant ces 30 jours ; en d’autres termes, novembre 2001 a été froid car il n’a jamais été chaud… Une température suffit à comprendre cet état de fait : la plus élevée du mois n’a été, à Feurs, que de 14.3° chose qui ne s’est jamais vue depuis au moins 1981 et sans doute depuis une cinquantaine d’années. Cette valeur maximale mensuelle est à peine plus élevée à Andrézieux : 15.4° ; seuls, en cet endroit, les novembres 1956 et 1958 possèdent un chiffre plus bas (respectivement 14.7° et 14.8°).
Il est intéressant de noter la très bonne tenue des thermomètres de montagne qui arborent un fier 14°, 14.6° et même 16.5° de maximale mensuelle pour respectivement Violay, les Sauvages et St-Symphorien-sur-Coise. On l’aura compris, ce sont les températures maximales les premières responsables de cette froidure ; le déficit vis-à-vis de la normale de leur moyenne mensuelle atteint 2.7° à Andrézieux alors que le déficit de la moyenne des minimales effleure 1.6°.
Comme les précédents janvier et février ont été très doux, il n’est pas surprenant de constater que ce dernier mois de l’automne météorologique est, pour l’instant et de loin, le plus froid de 2001. Un novembre plus froid que les janvier et février de la même année ne s’est vu que deux fois durant ces 55 dernières années : actuellement et 1998 ; on retrouve encore deux cas en des temps plus reculés : 1912 et 1925.
Revivons les principaux temps forts de cette fin d’automne :
Une invasion venue du Nord.
Les premières gelées sous abri arrivent dès les premiers jours du mois et ce sont Feurs avec –0.8° et St Symphorien-sur-Coise –0.5° qui les subissent le 3, talonné par Andrézieux : –0.9° le 4. Les postes des monts conservent des températures positives : 2.2° et 2.3° de mini le 3 à Violay et aux Sauvages. La température des après-midi de cette première semaine restent convenables : 13.1° à Feurs, 14° à Violay, 14.6° aux Sauvages, 15.4° à Andrézieux, 16.5° à St Symphorien pour la journée du 4. Un premier assaut du froid survient entre le 4 et le 5, la température maximale perd entre ces deux journées : 5.6° à Feurs, 6.9° à St André-la-Côte, 8.2° à Violay, 8.3° à Andrézieux, 9.9° aux Sauvages, 10° à St Symphorien. C’est surtout la journée du jeudi 8 qui marque le début d’une période hivernale : une masse d’air d’origine arctique déboule sur la France et arrive sur notre région dans la soirée. Les premiers flocons tombent à Violay vers 20h 30 où la température chute de 10 degrés en 10h. Le lendemain, les gelées sont généralisées sur les hauteurs : minimales de –2.8° à Grammond , -2.9° à Violay, -3° aux Sauvages, tandis que les postes de plaine résistent encore : 1.4° au Breuil, 1.1° à Feurs, 0.8° à Andrézieux. La journée du 9 ainsi que celle du 10 sont sans dégel au dessus de 700 m environ, c’est à dire que même la température maximale reste en dessous de zéro degré. On relève des maximales de –2.0° à Grammond et les Sauvages lieux bien exposés à la Bise, -1.1° à Violay plus abrité du vent, pour ces deux journées. Avec de pareilles températures, la mince pellicule de neige (2 à 3 cm vers 800 m) tient au sol durant quatre jours. La température minimale du 10 novembre est la plus basse du mois en montagne : -4.9° à Grammond, -5.5° à Violay, -6.1° aux Sauvages, –7.6° au Col de la Loge dans le nord des monts du Forez ; elle reste plus convenable en plaine où le refroidissement consécutif à une telle irruption froide est toujours plus lent : -1.8° pour Feurs, -1.5° pour Andrézieux, -0.5° au Breuil.
Un 11 novembre sous la glace.
Le froid est désormais bien installé en ce jour de souvenir ; au matin, la montagne n’a plus grand chose à envier à la plaine : -3.5° à Bully, -3.6° à Feurs, -3.7° à Andrézieux, -4.5° au Breuil, -4.9° à St André-la-Côte, -5° à Grammond et St Symphorien, -5.4° à Violay, -5.5° aux Sauvages. Le mercure a bien du mal à s’élever durant la journée, pour reprendre une ancienne expression, il reste même « sous la glace », en des lieux particulièrement exposés à la Bise : -1.5° de maxi aux Sauvages et même -2.6° à Grammond qui signent pour l’occasion leur troisième jour consécutif sans dégel. La plaine est tout de même mieux lotie en seconde partie de journée, on relève au moins froid de l’après-midi 4.6° à Bully, 2.3° à Feurs, 1.9° à Andrézieux-Bouthéon. La température moyenne (calculée comme étant la demi-somme de la mini et de la maxi) à Andrézieux est donc de –0.9°, c’est la valeur la plus basse enregistrée un 11 novembre depuis au moins la création du centre départemental météorologique en avril 1946.
Soleil en montagne, brouillards en plaine.
Vers le milieu du mois, un anticyclone vient stopper le courant froid qui nous arrivait en droite ligne du septentrion. La conséquence habituelle de cette coupure d’alimentation froide est un net réchauffement en altitude ; en revanche, l’air froid résiduel stagne dans les plaines et les fonds de vallées. Il se forme donc une inversion de température : il fait alors plus chaud en montagne qu’en plaine. La journée du samedi 17 est très représentative de ce phénomène : à 8h du matin, il fait 8.5° sous abri à Violay (alt 830 m) sous un ciel lumineux tandis que dans le brouillard, la station automatique de Feurs (alt 345 m) indique –4.7° soit une inversion de 13.2° ! Ce même matin, l’observateur de Bully (alt 280 m) relève sa température la plus basse du mois avec –6.0°, l’inversion avec Violay atteint alors la valeur impressionnante de 14.5°. De si fortes inversions ne se rencontrent qu’une fois tous les 2 ou 3 ans en moyenne, la dernière en date de plus de 15° remonte au matin du mardi 14 janvier 1997 où le mercure indiquait 4.4° à Violay et –10.7° à Feurs. Cette inversion du 17 subsiste toute la journée, la couche de grisaille empêche la plaine de se réchauffer : il ne fait que 7.6° à Feurs au plus chaud de la journée, tandis que le généreux soleil porte le maximum de Violay à 11.9°, 11.5° aux Sauvages, 11.2° à St André-la-Côte, 11° à Grammond et aussi à Andrézieux, localité située seulement 50 m plus haut que Feurs.
L’essentiel des pluies en fin de période.
Durant une bonne partie du mois, nous vivons ce que les spécialistes nomment une situation de blocage : un solide anticyclone campe sur les îles britanniques et interrompt de ce fait l’habituel flux d’ouest sur notre pays. Avec une telle situation, les masses d’air proviennent soit du Nord (air arctique) soit du Nord-Est (air polaire continental) ; dans les deux cas -mais surtout dans le second- l’air qui nous arrive est très sec et ne donne que d’insignifiantes précipitations. En fin de période, la situation se débloque, la région retrouve ses traditionnelles perturbations océaniques et les lames d’eau deviennent plus conséquentes. La moitié du cumul mensuel tombe entre le 28 et le 30. Voici les valeurs du cumul de l’ensemble de ces trois derniers jours, le pourcentage entre parenthèses représente la proportion de cette somme par rapport au total des abats d’eau du mois. Montrottier 15.6 mm (33%), St Symphorien 13 mm (33%), Montchal 24.5 mm (43%), Les Sauvages 34 mm (46%), Andrézieux 18.2 mm (48%), Violay 27.3 mm (49%), St André-la-Côte 20mm (50%), Le Breuil 16.7 mm (54%), Balbigny 26.3 mm (55%), Bully 18.1 mm (61%), Feurs 19.5 mm (63%),.
Le cumul des précipitations depuis le 1er janvier dépasse de partout celui d’une année complète ; ce dépassement est de l’ordre de 50 mm pour Bully (749 mm depuis le début de l’an), Montrottier (920.4 mm depuis le 1er janvier) et Violay (1014 mm pour les onze mois de 2001) ; le record d’excédent reviendra sans doute à Andrézieux qui avec 826.5 mm tombés depuis le début de l’an dépasse de 120 mm le total d’une année typique.
Je tiens à signaler pour conclure l’originale initiative de l’observateur Météo-France de Le Breuil, Mr Subrin, qui enregistre quotidiennement sur répondeur téléphonique 04.74.71.82.56 les relevés de sa station. Vous pouvez par ailleurs retrouver cet article ainsi que tous les précédents sur l’INTERNET à l’adresse suivante :
http://ufrmeca.univ-lyon1.fr/~gagnard/pageweb/indexclim.htm
Mes remerciements à Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St André-la-Côte), Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise).
A Violay le 2 décembre 2001.
M. Gagnard
Contact : gagnard@univ-lyon1.fr