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2001, encore une année très douce.

 

Après son exceptionnel octobre, 2001 était en passe de devenir l’année la plus chaude des 120 dernières années sur notre région, elle allait détrôner 1994 et 2000 ; le frais novembre a fortement compromis cette tendance et le glacial décembre que nous venons de vivre l’a définitivement ruinée. Toutefois, cette première année du XXIème siècle n’est pas à ranger parmi les plus fraîches, loin s’en faut puisqu’à St Etienne Bouthéon, sa température moyenne la classe en huitième position dans la liste des années les plus chaudes. La première position y est donc toujours occupée par 1994 avec 12.53° de température moyenne et la dernière par 1956 avec 8.93° (un certain février y est pour beaucoup) ; 2001 affiche quant à elle 11.62° alors que la moyenne des températures moyennes des 55 dernières années se monte à  10.72°.

Il est remarquable de constater que huit des dix plus chaudes années de l’après-guerre se situent entre 1989 et 2001, seuls 1947 et 1961 prennent place dans ce « top-chaud » en 9ème et 10ème position. Cet indéniable réchauffement durant ces quinze dernières années est toutefois à relativiser : l’effet d’urbanisation possède une influence considérable sur les températures, plus spécialement sur les minimales. En 1961 – et à plus forte raison en 1947- , la densité de bâtiments et surfaces bitumées au voisinage de l’aéroport était sans commune mesure avec l’actuelle ; ces deux années, ramenées à l’environnement quasi urbain d’aujourd’hui, gagneraient sans doute plusieurs places dans le classement des années chaudes.

La grande douceur de cette année prise dans son ensemble masque toutefois d’importantes disparités à l’échelle mensuelle. Les mois de mars et octobre ont été exceptionnels de douceur, mais la mémoire humaine citadine ne les retiendra pas : on ne reproche pas à un mois d’être trop printanier, ni à un mois d’automne de prolonger l’été.  En contrepartie décembre s’est révélé froid et lui, a su se faire remarquer.

 

Une fin d’année sous la glace.

Les décembres ont été particulièrement cléments ces vingt dernières années ; cléments au point de faire bondir de plus de 1° leur moyenne thermique entre 1971 et 2000 vis-à-vis de celle entre 1961 et 1990. Celui de l’an dernier s’est particulièrement distingué au point d’être le plus chaud depuis au moins 1946. Le retour de balancier vient d’avoir lieu puisque ce dernier mois de l’année civile accuse un déficit de température de 3.5° à Andrézieux. Il faut remonter plus de 20 ans en arrière, en 1980, pour avoir un décembre plus froid et près de 10 ans pour trouver une température moyenne mensuelle plus basse : celle de janvier 1992.

Si on recherche dans les séries climatologiques du centre départemental Météo-France de la Loire, on s’aperçoit vite que ce décembre 2001 n’est pas si exceptionnel, contrairement à ce qu’on a pu entendre de ci de là ; avec 0.75° de température moyenne à Andrézieux, il s’agit du huitième plus froid depuis au moins 1946 ; la palme revient à celui de 1969 qui affiche plus de 2° de moins que le dernier en date. Les années soixante ont d’ailleurs été particulièrement froides en début d’hiver car les années 1963 et 1962 se situent en respectivement seconde et troisième position dans la liste des décembres les plus rudes.

En revanche, si on considère l’ensemble des mois de novembre et décembre, alors cette fin d’année 2001 est la seconde plus froide depuis au moins 55 ans ; 1962 occupe la première place et l’hiver qui devait suivre reste le plus rigoureux du précédent siècle en France avec celui de 1941-42. S’agit-il d’un présage ?

Nous sommes davantage sensibles aux valeurs extrêmes des températures quotidiennes plutôt qu’à leur moyenne mensuelle ; décembre 2001 nous apporte l’exemple d’un mois globalement froid mais sans excès quant à ses températures minimales.

-12.4° c’est la température la plus basse relevée ce décembre à Andrézieux, on est loin des –14° de 1980, -17.8° de 1962 ou encore du record de –18.6° du 22 décembre 1963. Le nombre de jours avec minima inférieur à –10° ce mois y est de 4 et se révèle assez conséquent puisque seuls les décembres de 80 , 62 et 63 en possèdent davantage : respectivement 5, 5 et 8.

Le nombre de jours sans dégel, c’est à dire ceux où même le maximum est négatif, est impressionnant ce mois ci à Andrézieux puisqu’il s’élève à 11 ; seul décembre 1969 en possède davantage : 15. La froidure de ce mois provient essentiellement de la faiblesse des températures maximales ; en effet, leur moyenne mensuelle est la seconde plus basse, derrière celle de 1969, depuis 1946.

                               

Le froid venu de Sibérie.

Comme souvent lors de vagues de froid dans notre région, le vent souffle du Nord-Est, c’est donc de l’air en provenance de Russie qui déferle sur la France. La situation isobarique est alors singulière : la région de l’Islande, habituellement dépressionnaire, est le siège d’un anticyclone qui interdit le passage sur le continent des perturbations océaniques alors que le légendaire anticyclone des Açores s’efface au profit d’une zone de basse pression aspirant littéralement l’air continental polaire en provenance de Sibérie. C’est principalement ce couple dépression d’Islande anticyclone des Açores qui gouverne le temps sur notre pays, on parle d’ailleurs « d’Oscillation Nord Atlantique » lorsque l’Islande possède de hautes pressions et les Açores de faibles.

C’est dans la nuit du 13 au 14 qu’un tourbillon glacial nous arrive par la Pologne, le sud de l’Allemagne ; la température au matin du vendredi 14 est très froide en altitude : -17.3° de mini au col de la Loge, -13.5° à Violay, et aux Sauvages, -12.9° à Grammond, les minima sont un peu plus cléments en plaine : -9.4° à Andrézieux, -9° à Feurs, -8.3° à Bully, -8.2° au Breuil. Le gradient vertical de température est d’une étonnante régularité lors du passage de cette dépression : on pourrait retrouver l’altitude des postes précédemment nommés en utilisant le taux de 1° par 100 m d’altitude. La température maximale de ce vendredi est elle aussi très basse, voire exceptionnelle, surtout en des lieux exposés au vent : on relève –5.6° à Andrézieux, -8.4° aux Sauvages et même –9.5° à Grammond au moins froid de la journée.

Durant cette période,  le centre départemental météorologique d’Andrézieux établit de nouveaux records quotidiens de basses températures : le 14 en température maximale (-5.6°) et moyenne (-7.5°), le 16 en température minimale (-11.7°) et maximale (-4.9°).

Après le passage de cette coulée froide, la plaine se refroidit tandis que la montagne retrouve des maxima tout à fait convenables, on assiste donc à la traditionnelle inversion de température, inversion qui se produit entre 1000 et 1200 m d’altitude. Le 19, on note des maxima de –1.5° à Bully, –3.1° à Feurs, -3.5° à Andrézieux, -5° à Violay, -5.3° aux Sauvages, -5.9° à Grammond et +2° au col de la Loge à 1270 m d’altitude.

Les pluies ont été très rares ce mois ci : l’air continental est de toute manière toujours très sec, il l’est d’autant plus lorsqu’il est froid. Le cumul d’eau est de seulement 4.0 mm à Bouthéon soit le record de sécheresse pour un décembre depuis la création de la station, en 1946 ; il est même le cinquième mois le plus sec, derrière janvier 89 (3.7 mm), février 59 (3.1 mm), mars 97 (3 mm), mars 53 (2.2 mm). On relève pour l’ensemble du mois des hauteurs de 22 mm aux Sauvages, 16.7 à Montrottier, 16.1 à Violay, 12.9 au Breuil, 10.2 à Bully, 5.3 à Balbigny.

Le bilan annuel des précipitations est de toute façon excédentaire pour l’ensemble de la région, principalement en plaine du Forez. Les 833.5 mm d’Andrézieux font de cette année la douzième plus arrosée depuis 1946 ; sans être remarquable, le cumul annuel avoisine le mètre sur les hauteurs : 1030.1 mm à Violay, pour une normale de 960 mm environ, 938 mm à Montrottier. Le Breuil annonce un total de 800.6 mm contre 735 mm pour une année moyenne, 758 mm à Bully soit une bonne cinquantaine de millimètres d’excédent.

La neige est elle aussi demeurée discrète ce mois ci : 6 à 7 cm à Violay jeudi 27, 3 à 4 cm au Breuil en basse vallée d’Azergues et un petit centimètre en plaine du Forez. Cette absence de couverture neigeuse a fait descendre le gel assez profondément dans le sol : 13 jours consécutifs de gel à 20 cm de profondeur à Violay, avec un pic à –0.4° les 24 et 25.

 

Mes remerciements à Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Subrin (Le Breuil).

 

Fait à Violay le 2 janvier 2002.

M. Gagnard

Site internet : http://ufrmeca.univ-lyon1.fr/~gagnard/pageweb/indexclim.htm