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Le temps d'hier.

 

Quatre tempêtes en neuf mois.

 

Qu'elle fut riche en événements météorologiques cette période 1982-1983 ! souvenons-nous :

 

Tempête de vent.

Tout commença les 6, 7 et 8 novembre 1982 où un ouragan mit à terre douze millions de m3 de bois dans le Massif-Central, on mesura des rafales de 115 km/h à Andrézieux (moins de 100 km/h pour la tempête de décembre 99), 130 km/h à Clermont (158 en décembre 99), 155 km/h à Millau, 175 au sommet d'une tour dans le quartier de la Dame Blanche à St Etienne et 216  au Mont Aigoual (155 en décembre 99). La belle forêt entre Noirétable et l'Hermitage fut totalement anéantie. Sept cent mille foyers, soit environ 2 millions de personnes, furent privés d'électricité le premier jour.

 

Tempête de neige.

Moins de trois semaines plus tard -le vendredi 26 novembre au soir-, la région connut une chute de neige lourde, collante et ... magnifiquement bleutée qui ensevelit la Plaine du Forez sous 40 cm. On mesurait le lendemain une couche de 60 à 70 cm sur les Monts du Lyonnais ainsi qu'au Sud de l'agglomération stéphanoise et plus d'un mètre sur les hauteurs du Pilat. Sous cette neige dense et humide (80 kg par mètre carré et pour 50 cm d'épaisseur) les lignes électriques, déjà bien ébranlées par la tempête précédente, rompirent sous la contrainte et plongèrent de nouveau dans l'obscurité des dizaines de villages.

 

Tempête de pluie.

Que dire d'avril-mai 1983 ? Entre Montrond et Feurs, la Nationale 82 traversait un vaste lac duquel seuls émergeaient les piquets de clôtures ; la Loise débordait et venait lécher les HLM du Montal à Feurs. Le cumul pluviométrique de ces deux mois atteignit des valeurs extraordinaires et loin d'être approchées au jour d'aujourd'hui : 350 mm à Feurs, 379 à Grammond, 397 à Andrézieux, 426 à Chazelles et même 478 mm à Panissières... plus de deux fois et demi la quantité habituelle ; à titre de comparaison, il est tombé seulement 455 mm à Feurs durant toute l'année 1989.

 

Tempête de soleil.

Après le vent, la neige et la pluie, la canicule sévit durant juillet 1983 qui détient toujours le record de mois le plus chaud depuis au moins 1880 : 17 jours à maximum au dessus de 30° à Chazelles pourtant à 600 m d'altitude, 22 jours à Andrézieux et même 25 à Feurs ; la dernière journée de ce mois reste encore aujourd'hui la plus torride depuis au moins 1946, on releva ce jour des maxima de 39.4° à Chazelles, 40.8° à Andrézieux, 41° à Feurs, 41.6° à Roanne.

 

Tempête dans les têtes ?

Le vent de novembre n'a pas été celui de la folie, la neige n'a pas recouvert nos mémoires : on se souvenait de janvier 1971 où "y'en avait bien mieux", il a coulé beaucoup plus d'eau que d'encre au printemps, aucun prédicateur ne nous a promis les flammes de l'Enfer après cet été brûlant ; il faut dire qu'à cette époque, les "dérèglements climatiques" n'avaient pas encore été institués il n'y avait donc pas matière à affolement.

Tandis que maintenant...

 

 

 

Le temps d'aujourd'hui.

 

Mai 2001.

 

Mai est traditionnellement considéré dans notre région comme formant la transition entre l'hiver et l'été. C'est le seul mois de l'année durant lequel un habitant de la plaine peut voir les derniers flocons de la saison froide et les premières températures supérieures à 30°. Cette année, nous avons échappé à la neige mais vécu une belle vague de chaleur en fin de période. Revoyons de manière plus détaillée les principaux événements climatiques de ce mois.

 

La pluie persiste...

Les gouttes s'imposent toute la journée du vendredi 4, il tombe ce jour : 31 mm à Feurs, 38 à Andrézieux, 40.4 à Panissières, 41.1 à Violay, 44 au Breuil, 49 à Bully, 50 à St Symphorien-sur-Coise, 51.4 aux Sauvages, 54 à Grammond. Le brouillard en profite pour s'installer sur les monts au dessus de 650 m d'altitude environ, il ne se dissipera que dans la matinée de mardi, soit quatre jours consécutifs à visibilité inférieure à 50 m ! On relève des températures maximales dignes d'un mois de février : 5.2° aux Sauvages, 5.3° à Grammond, 5.8° à Violay, 7.9° à Andrézieux, 8.4° à Feurs au plus "chaud" de l'après midi du dimanche 6 ; les quelques 450 courageux participants à la marche d'Affoux s'en souviennent encore.

 

...laisse finalement la place au printemps...

En moins d'une semaine le mercure franchit la barre des 10° puis celle des 20° et la température devient estivale dimanche 13 : les ravitailleurs en boissons de la marche du Sou des Ecoles de Violay en parlent encore... On relève sous abri ce jour des maxima propres à faire fondre Saint Servais : 24.7° à Violay, 25.5° à St Symphorien, 26.6° à Andrézieux, 27° à Bully, 28° au Breuil, 29.1° à Feurs, mais seulement 21.9° à la très ventée station automatique des Sauvages. Il est amusant de constater que six ans plus tôt jour pour jour, la neige persistait toute la journée à Violay et le mercure ne dépassait pas 1.9°. Les orages ont la délicatesse d'attendre le lendemain pour se manifester, les lames d'eau recueillies ce lundi varient de 26.8 mm à Violay à 8.5 mm à Bully en passant par 16.6 mm aux Sauvages, 17 à Andrézieux, 19.5 à Feurs, 24 à Panissières. Au 15, la hauteur habituelle de pluie pour un mois de mai entier est atteinte ou dépassée dans tous les postes de la région, la sécheresse ne sera décidément pas pour ce printemps.

 

...qui s'efface devant l'été.

Les derniers jours du mois sont très chauds, voire même caniculaires les 28, 29, 30. La barre des 30° est dépassée en plaine et vallées pour la première fois de l'année, les thermomètres atteignent sous abri 30.3° au Breuil, 30.5° à Feurs et à Bully l'après midi du 29 ; le lendemain marque le point d'orgue de cette vague de chaleur : 29.5° à St Symphorien-sur-Coise, 29.9° à Andrézieux, 31.1° à Lyon-Bron, 31.3° à Feurs (mais 32° le 30 mai 99) et au Breuil, 31.5° à Bully (32° le 14 mai 92). Un petit vent de Nord tempère les postes de montagne : 27.9° de maxi aux Sauvages, 27.7° à Grammond, 25° au Col de la Loge et 11° au pied du glacier de Bellecôte à 3000 m d'altitude en Tarentaise. Seuls les postes de Lyon-Bron et du Breuil battent des records de chaleur : il n'a jamais fait aussi chaud en mai au Breuil depuis au moins 1969, à Bron depuis au moins 1961.

Un sain retour dans le temps montre que la canicule de mai n'est pas une invention récente ; l'extravagant mai 1945 affichait 34° à St Genis-Laval et 34.2° à Bron le 16, celui de 1922 détient toujours le record de plus forte température depuis au moins 1881 : 34.5° de maxi le 25 à St Genis-Laval.

 

En résumé, mai 2001 est un mois plus chaud que la normale : écarts de +2° à Feurs et Andrézieux, de +2.3° à Violay. La pluviométrie est légèrement excédentaire en Plaine du Forez : 84.5 mm à Feurs contre 81 mm habituellement, 97.2 mm pour Andrézieux et 91 en année normale. Le relief est, comme à l'accoutumé, davantage arrosé : 120 mm à Violay, 122 aux Sauvages, 125 à St Symphorien-sur-Coise, mais les facétieux orages provoquent localement en vallée des cumuls plus importants : 125 mm au Breuil, 104 à Bully.

 

Je remercie Madame Pilon (Panissières), Messieurs Botlas (Bully, Rhône),  Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise) tous bénévoles Météo-France, de m'avoir communiqué quelques uns de leurs relevés.

 

Retrouvez sur l'INTERNET, cet article, les précédents et beaucoup d'autres à "la météo à temps perdu" :

http://ufrmeca.univ-lyon1.fr/~gagnard/pageweb/indexclim.htm

 

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

 

Fait à Violay le 2 juin 2001.

 

M. Gagnard