Retour au sommaire des articles.

 

Septembres extrêmes.

Septembre, premier mois de l’automne météorologique est fréquemment dans notre région le prolongement de la saison estivale : les gelées sous abri demeurent très rares et l’on peut encore souffrir de la chaleur quelques après-midi. Certaines années, ce mois est même le plus chaud de l’an : ce fut le cas en 1949 et davantage encore en 1961 où, à Andrézieux, sa température moyenne surpassa de 1.9° celle d’août et de 2.0° celle de juillet. Plus près de nous, on peut citer le millésime 1987 où le thermomètre battit des records de chaleur : on compta en effet dix jours à maximum supérieur à 30° et même quatre au dessus de 35° dont un mémorable 36° le 13 au centre départemental météorologique à Andrézieux.

Septembre prend aussi parfois une allure hivernale. En 1972 à Andrézieux, on releva 7 jours avec gel sous abri dont cinq consécutifs ; afin de situer cette performance il est bon de rappeler que janvier 88 , février 61 et décembre 93 ne comportèrent que quatre jours de gel chacun et même seulement deux pour février 66 et 3 pour février 90. La température la plus froide de septembre 72 fut de –2.6° contre –2.5° pour décembre 93, -1.3° en février 61. Il n’y a pas si longtemps, le dimanche 13 septembre 1998, une belle averse de neige fut observée vers 16h à  Violay.

Du côté du pluviomètre, la variabilité de septembre est encore de mise. En 1977 -année pourtant la plus arrosée depuis 1946 à Andrézieux- le cumul des précipitations atteignit seulement 4.2 mm en quatre jours de pluie. Le septembre le plus arrosé fut sans conteste celui de 1993 puisqu’il totalisa 194.6 mm toujours à Andrézieux.

 

Brutale transition entre été et automne.

Cette année, nous vivons une spectaculaire chute de température entre la fin août et le début de septembre. En effet, la dernière «décade» d’août 2001 -qui va du 21 au 31- est la quatrième plus chaude en température moyenne à Andrézieux depuis au moins celle de 1946 ; la première décade de septembre que nous venons de vivre y est la sixième plus froide. Il en ressort un refroidissement record de 7.6° entre la température moyenne des onze derniers jours d’août 2001 et celle des dix premiers de ce septembre. Cet écart est le plus élevé parmi les 56 mesurés depuis 1946, le précédent record appartenait à l’année 1992 avec un refroidissement de 6.5°.

Lundi 3 est une splendide journée ensoleillée, le thermomètre arbore ce jour là sa valeur maximale du mois : 21.6° aux Sauvages, 21.9° à Violay, 24° à Jas, 24.5° à st Symphorien-sur-Coise, 25° à Feurs, 26.1° à Andrézieux, 27.5° au Breuil, 27.7° à Bully. Changement de décor le lendemain pour les postes de montagne, on enregistre ce jour là au plus chaud de l’après-midi : 14° à Violay et St André-la-Côte, 15° aux Sauvages, 17° à Jas, mais encore 18.9° à Andrézieux, 19.2° à Feurs et 20.1° à Bully. La fraîcheur descend en plaine le 5 ; avec 10.05° de température moyenne, le centre Météo-France d’Andrézieux bat ce jour ci un record de froid : il n’y a jamais fait aussi frais un 5 septembre depuis au moins 1946. Les autres postes de la région affichent des températures maximales très basses : 12.2° à Grammond, 12.9° aux Sauvages, 13.3° à Violay, 15° à Andrézieux et Jas, 15.5° pour Feurs. Les premières gelées au sol apparaissent dans les bas-fonds : St Symphorien, Chambost, Essertines …

Alors que l’on croit l’été revenu du 7 au 9, le thermomètre fait une rechute le 10 et le mercure se hisse au mieux à 16.5° à Bully, 15.1° à Feurs, 15° à Andrézieux, 13.5° à st Symphorien, 12.4° aux Sauvages, 12° à Violay, 11.4° à Grammond et même 7.6° au Col de la Loge.

 

La fraîcheur s’accentue en deuxième décade.

Un anticyclone sur les Iles Britanniques et une dépression persistante en Scandinavie conjuguent leurs efforts et  nous imposent un courant de nord-ouest pour le moins rafraîchissant. L’air devient franchement froid le dimanche 16, les maxima plafonnent à 10.7° à Violay, 11° aux Sauvages et à Grammond, 15.2° à Andrézieux. De l’air plus instable arrive sur la région le lendemain 17, les premiers flocons de neige voltigent sur le haut-Forez et le Pilat le matin au dessus de 1300 m environ ; cette limite pluie-neige s’abaisse même vers 1100 m sous les averses en fin d’après midi. Les maxima de ce jour sont dignes de ceux d’un novembre : 8.7° aux Sauvages, 8.8° à Grammond, 9.7° à Violay, 11.5° à St Symphorien, 13.1° à Andrézieux, 13.8° à Feurs, 14.4° à Bully, 15° au Breuil, ces deux derniers postes étant bien abrités en fond de vallée. L’alimentation en air glacial est enfin coupée aux alentours du 18, mais l’air froid résiduel stagnant sur la région associé à une nuit claire rendent le petit matin du 18 particulièrement frisquet : 1.5° à St Symphorien, 2.2° à Jas, 3.0° au Breuil et à Bully, 3.3° aux Sauvages, 3.6° à Feurs, Andrézieux et St André-la-Côte, 3.7° pour Violay et Grammond. Les gelées blanches en profitent pour s’étendre ailleurs que dans des seuls creux : on relève un mini au sol de 0.4° à Violay.

 

La pluie pour la dernière décade.

La dépression danoise disparaît progressivement au cours de la dernière décade, mais nous ne retrouvons pas pour autant notre bon anticyclone des Açores ; nous passons donc d’un régime frais et faiblement perturbé à un régime plus doux mais abondamment arrosé… Comme de bien entendu, les journées les plus humides tombent des samedis et dimanche. Samedi 22 tout d’abord où la pluie débute en fin d’après midi, persiste toute la nuit et rend le lendemain dimanche particulièrement maussade. On relève pour ce week-end des lames de 24.5 mm au Breuil, 28 aux Sauvages, 29 à Feurs et Jas, 31.3 à Bully, 31.5 à Balbigny, 35 à Montrottier, 37.5 à Violay et St Genis-l’Argentière, 39 à St Symphorien et St André-la-Côte, 43.4 à Andrézieux ; les températures de ce dimanche après-midi sont uniformément médiocres : 10.9° à Violay, 11° aux Sauvages, 12.4° au Breuil, 12.8° à Andrézieux, 13.3° à Feurs. Samedi 29 ressemble comme deux gouttes de pluie à dimanche 22 : brouillard omniprésent sur les monts et nuages bas en plaine, les abats d’eau de cette journée dépassent les 10 mm dans tous les postes : 10.5 mm à Feurs, 10.6 à Violay, 11.2 à Bully, 12.7 au Breuil, 13.5 à Balbigny, 15.0 à Montrottier et St Symphorien-sur-Coise, 17.5 à St Genis-l’Argentière, 19.4 à Andrézieux et 26 mm à St André-la-Côte.

 

Un détestable septembre.

Le déficit de température moyenne de ce septembre se situe aux environs de -2° en plaine (-2.1° à Feurs, -2.2° à Andrézieux) mais, circulation de nord-ouest oblige, est plus conséquent en altitude : -2.8° à Violay. Cette anomalie froide détonne singulièrement sur la longue liste des mois excédentaires de ces dernières années. On doit remonter, en plaine, à novembre 1998 pour trouver un écart à la normale plus important et même à septembre 1996 pour les postes plus élevés comme Violay.

On l’aura compris, ce mois est à ranger parmi les plus froids ; à Andrézieux, il est le cinquième plus froid parmi les 56 derniers septembres.

Le cumul mensuel des précipitations est assez conforme à la normale pour les postes situés sur les monts : 86 mm à Montrottier, 87.8 pour Violay ; ceux de fond de vallée, protégés du vent de nord-ouest, accusent un déficit de l’ordre de 15 à 20 mm, Bully 53.8 mm, le Breuil 50 mm. La Plaine du Forez est elle aussi convenablement servie : Balbigny 74.2 mm, Andrézieux 79.4 mm. Le cumul annuel de cette dernière station s’élève au 30 septembre à 669 mm pour une normale annuelle de 705 mm ; c’est une valeur assez remarquable, une telle situation ne s’est produite que 8 fois depuis 1946. On peut donc penser sans trop de risques que cette année sera banale voire excédentaire en cet endroit. Si les trois mois qui nous séparent de la fin de l’année s’avéraient classiques en précipitations, nous aurions un cumul annuel de 826 mm, ce qui ferait de cette année la douzième plus arrosée depuis la fin de la seconde guerre.

Un mot enfin sur les orages : ils sont presque totalement absents de la scène, on ne compte aucun coup de tonnerre à Bully, pas davantage à Violay, St Genis St Symphorien ou Balbigny, un seul à Feurs Montrottier et Létra l’après-midi du mardi 25. Un septembre sans tonnerre est assez rare, le dernier en date est celui de 1996 ; à Bully, il faut remonter au delà de 1980 pour en trouver éventuellement un troisième.

Mes remerciements à Madame Laval (St Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Molin (St André-la-Côte), Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise).

A Violay le 2 octobre 2001.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr