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 JANVIER 2002

 

 

Davantage de douceur en montagne qu’en plaine.

Si vous demandez à un habitant de Violay ou Grammond les traits caractéristiques de ce premier mois de l’année, il vous répondra que ce janvier a été clément, fréquemment ensoleillé, plutôt doux, sans neige ; il vous dira peut-être qu’il a vu la chaîne des Alpes à dix-huit reprises !  Posez la même question à Feurs, Tarare ou l’Arbresle et vous entendrez une version qualifiant ce mois de froid et embrumé, avec parfois une forte pollution de l’air surtout au voisinage des agglomérations lyonnaises et stéphanoises. Ces deux témoignages ne sont pas contradictoires : une forte présence anticyclonique a assuré à notre région un temps particulièrement calme. Une telle situation arrivant en hiver (et qui plus est après deux mois particulièrement froids) engendre immanquablement un temps glacial et gris en plaine, tandis que la montagne bénéficie du soleil toute la journée. L’air froid, lourd, formé durant la longue nuit par le sol souvent gelé, stagne dans les plaines et vallées, puisque aucun vent turbulent ne vient l’en déloger. Cet air froid, produit nuitamment sur les collines au ciel étoilé, se déverse dans les creux à la manière d’une infinité de ruisseaux gazeux et vient donc accentuer l’inversion thermique. Quelques chiffres illustrent bien le phénomène : la température moyenne mensuelle à Violay (830 m) est de 3.9°, soit 2.8° au dessus de ce qu’elle a été lors des trente janviers de la période 1971-2000 ; cette même moyenne de janvier 2002 n’est que de 2.6° au Breuil, poste climatologique situé en vallée d’Azergues, à seulement 280 m d’altitude. Si on calcule, pour ces deux localités, la moyenne mensuelle des températures minimales on aboutit à 0.9° pour Violay et –2.9° au Breuil, alors que les valeurs normales sont respectivement –1.6° et –1.4°.

N’oublions pas que ces chiffres résultent de moyennes sur trente et un jours, toute moyenne masque des disparités parfois importantes ; nous allons constater en effet que, localement, cette anomalie thermique peut prendre des proportions remarquables.

 

Persistance des hautes pressions.

Le scénario météorologique mis en place début novembre se poursuit. Durant les deux premières semaines, nous vivons sous la protection d’une vaste zone anticyclonique couvrant la France, l’Angleterre et l’Europe centrale, les perturbations océaniques ne peuvent franchir cette « montagne d’air » et la sécheresse persiste sur notre région. Le vent est très faible, ce qui assure, comme on l’a vu plus haut, des nuits froides en plaine et des journées ensoleillées sur les monts. En début de période les matinées sont encore glaciales, aussi bien sur les hauts que dans les creux, on relève au premier petit jour de l’année : -8.2° aux Sauvages, -8.4° à Violay,  -9° à Feurs , -9.2° à Bouthéon, -9.9° à Bully et Jas, -10° au Breuil et à St André-la-Côte. Durant cette première décade, les nuits restent très froides dans les vallées tandis que la douceur revient petit à petit sur les hauteurs ; le 9 marque le début des nombreuses inversions thermiques de ce mois, les minima de ce jour sont de –1.7° à Andrézieux et Jas, -4.7° à Feurs, -8° à Bully, -9.2° au Breuil, mais 0° à St André-la-Côte, 0.3° aux Sauvages et 1.9° à Violay. Encore –7° au Breuil et à Bully au matin du vendredi 11, alors que le mercure reste loin du gel à Violay et aux Sauvages :  respectivement 2.9° et 2.0° de minimum.

 

L’anticyclone méditerranéen.

Si l’anticyclone des Açores ou bien celui de Sibérie font régulièrement parler d’eux, il faut avouer que celui qui stagne cette fin de mois Afrique du Nord est plutôt incongru. Ses conséquences en terme de température ne passent pourtant pas inaperçues : une zone de haute pression ainsi située fait déferler sur la France un air directement venu du tropique. La nuit du 29 au 30 est tout bonnement exceptionnelle puisqu’on relève 15.1° à Violay à 4h du matin, d’ailleurs la température nocturne ne descend pas en dessous de 13.1° ; on vit alors une véritable nuit estivale. Durant cette nuit, la plaine et les vallées n’ont pas enregistré cette bouffée de chaleur, bien au contraire puisqu’il gèle à Feurs (mini de -1.3° ) au Breuil (-0.4°) et à Bully (-1°). C’est au matin du 30 que l’on constate l’inversion la plus spectaculaire : à 7h, la station automatique de Feurs affiche –0.8°, au même instant il fait 16.1° à Grammond ! une heure plus tard on note –0.8° à Feurs et 15.1° à Violay, à 9h il gèle toujours à Feurs avec –0.3° alors que la station automatique du col de la Loge (1270 m) mesure 15.1° ! Des records mensuels de haute température maximale sont battus ou égalés en plusieurs endroits : 17.3° le 28 au Breuil, il faut remonter au 16 janvier 1974 pour y voir un maximum aussi élevé en janvier ; 18.6° au plus chaud de l’après-midi du 30 à Andrézieux, c’est la température la plus élevée (avec celle du 6 janvier 1999) lue en ce lieu en janvier depuis au moins 1947. Les postes de montagne affichent des maxima encore plus étonnants étant donnée leur altitude : 16.5° à Grammond, 17° à Violay le 30 et surtout 17.4° au col de la Loge à presque 1300 m d’altitude ! Dans les Alpes, on relève 10° à Chamrousse (alt 2250 m) et 8° au pied du glacier de Bellecôte, en Tarentaise, à 3000 m d’altitude. Avec un maxi de 22.1°, Clermont-Ferrand n’a jamais eu aussi chaud en janvier, depuis l’ouverture de la station en 1921.

 

Encore un mois très sec.

L’omniprésence de hautes pressions durant tout ce mois engendre naturellement un déficit important de précipitations. Les douze premiers jours ne voient pas une goutte d’eau et il faut attendre le 15 pour que les pluviomètres enregistrent une pluie digne de ce nom, on note ce jour : 16.5 mm à Violay, 15 à Montchal, 12.4 aux Sauvages, 10 à Montrottier et Jas, 8.7 au Breuil, 7.8 à Andrézieux, 7.7 à Balbigny, 7.5 à Feurs, 6.6 à Bully. De très faibles pluies s’abattent durant la dernière décade mais ne peuvent éviter au cumul mensuel d’être largement inférieur à la normale. La hauteur d’eau totale atteint ce mois ci seulement 15.3 mm à Balbigny, 16.2 mm à Bully contre 43 pour une année moyenne, 17 mm à Jas, 19.6 au Breuil 21.2 à Andrézieux-Bouthéon ; on recueille davantage d’eau sur les hauteurs, mais le rapport à la normale y reste largement inférieur à 0.5 :  23 mm à Montchal, 25.2  aux Sauvages, 25.3 à Montrottier, 27.6 à Violay, 31 à St André-la-Côte. Au vu des séries pluviométriques du centre Météo France d’Andrézieux, ce mois de janvier se classe en quinzième position dans la liste des janviers les plus secs depuis 1947, le record de celui de 1989 –seulement 3.7 mm- est loin d’être inquiété. Mais si on somme les cumuls d’eau de décembre et janvier, alors on se rend compte que le couple décembre 2001 janvier 2002 est le plus sec parmi les 56 enregistrés depuis 1946-47.

 

L’hiver est-t-il terminé ?

Le printemps semble installé dans notre région depuis la fin janvier, cette douceur n’a pas été remise en cause durant les premiers jours de février. Néanmoins, il serait bien audacieux de penser que l’hiver est fini : février peut nous réserver des surprises durant sa dernière quinzaine et le mois de mars a montré à plusieurs reprises un caractère hivernal marqué. Mars 1971, par exemple, reste sans doute encore dans bien des mémoires, avec ses nombreux minima inférieurs à –10°. Les prévisions des tendances climatiques à long terme laissent entrevoir un mars 2002 particulièrement frais et neigeux sur le territoire français. D’ailleurs, les treize derniers mois de mars se sont révélés très doux dans leur grande majorité, tout comme les décembres l’avaient été avant le dernier en date, alors un mars 2002 aux tisons ?

 

Mes remerciements à Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St André-la-Côte),  Subrin (Le Breuil), Thizy (St Symphorien-sur-Coise).

A Violay le 3 février 2002.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr