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Retour sur ce singulier été 2002.

 

 

Juin plus chaud que juillet et août.

En météorologie, les saisons ne sont pas basées sur des critères astronomiques ; si un météorologue vous parle de l’été, il s’agit de juin juillet et août. A St Etienne Bouthéon, la température moyenne normale d’un été est de 18.4°, si on les considère tous depuis celui de 1946. L’été qui vient de s’achever surpasse de 1 degré cette valeur normale. On peut donc naturellement annoncer que l’été 2002 a été plutôt chaud. Bien entendu, l’exceptionnel mois de juin 2002 (voir article de début juillet) contribue à lui seul pour une grande part à cet écart ; ce juin a d’ailleurs été plus chaud que juillet et août, cette situation est inédite à St Etienne depuis le début des observations en 1946. Juillet a-t-il été froid ? 19.3° de température moyenne normale pour un juillet et… 19.3° cette année ! Alors c’est août qui a été glacial ? Là encore les chiffres objectifs vont surprendre : 19.1° de normale pour août et… 19.1° cette année ! Force est de constater, contrairement à ce que l’on a pu entendre de ci de là, qu’aucun de ces deux mois n’a été anormalement froid. Si on se base non plus sur les 57 couples juillet-août depuis l’après guerre, mais sur les cinq de l’époque récente 1997-2001, alors tout devient différent : juillet et août 2002 accusent tout deux un bon degré de retard sur ceux de la période précitée ; d’où un début de justification de cet « été frais ». Le trait dominant de ces deux derniers mois n’est toutefois pas dû à la simple température moyenne ; leur impressionnant nombre de jours de pluie et leur faible ensoleillement ont bien davantage pesé sur le moral des vacanciers.

 

Une amplitude thermique record.

L’amplitude thermique d’une journée est la différence entre sa température maxi et sa température mini. L’amplitude moyenne mensuelle -de juillet par exemple- est la moyenne de ses 31 amplitudes quotidiennes. Les deux mois de l’année possédant la plus forte amplitude moyenne mensuelle sont précisément juillet et août avec une normale respective de 12.7 et 12.9° à Bouthéon. Cette année, juillet atteint 11.1° et août ne peut faire mieux que 10.3°. Jamais on ne retrouve de valeur aussi basse en août et pour l’ensemble de ces deux mois depuis au moins 1946. La cause de ce faible écart de chaleur entre l’après midi et le matin est à chercher du côté de l’ensoleillement, très déficitaire durant cette fin d’été : les nuits couvertes sont restées très douces dans l’ensemble, tandis que les journées fortement ennuagées ont limité la hausse du mercure les après-midi. La durée d’ensoleillement à St Etienne Bouthéon s’élève à 251 heures en juillet et seulement 186 heures en août, soit un déficit d’ensoleillement de 40 heures en juillet et 75 heures en août. Sur les monts, le soleil a été encore plus discret : 221 et 155 heures en juillet et août à la station automatique des Sauvages à 830 m d’altitude. Un faible ensoleillement va souvent de paire avec une pluviométrie abondante, voyons à présent les relevés des hauteurs de pluie.

 

De la pluie un jour sur deux.

Le cumul de pluie de ces trois mois d’été, 299 mm à Bouthéon, est certes au dessus de la moyenne mais ne présente pas de caractère exceptionnel : on se situe à mi-chemin entre les 87 mm de 1949 et les 483 mm de 1963. Le mois le plus arrosé est août, toutefois, il n’est pas rare d’en trouver de plus humides dans les cinquante dernières années. Le fait marquant de juillet-août en ce qui concerne la pluviométrie est sans conteste leur nombre de jours de pluie. Huit fois dans le seul mois d’août, l’observateur du centre météorologique d’Andrézieux a relevé plus de 5 mm dans son pluviomètre ; seul août 1976 présente un nombre aussi élevé. Le décompte des jours ayant enregistré au moins 1 mm de pluie abouti au nombre impressionnant de 21, à Andrézieux-Bouthéon, pour l’ensemble de juillet et août. Il faut remonter 25 ans en arrière (les vacanciers se souviennent encore de cet été 1977) pour trouver un nombre d’ailleurs guère plus élevé : 22. En montagne, ce nombre de jours est bien entendu plus important encore : à Violay, ce ne sont pas moins de 30 jours qui ont vu au moins 1 mm d’eau dans le pluviomètre. Si on abaisse le seuil à 0.1 mm et exclue les jours de seule rosée, on enregistre 37 jours de pluie à Violay en juillet et août.

 

Orages discrets.

Les orages résultent d’une élévation d’air chaud et humide, cette élévation est d’autant plus aisée que les couches supérieures de l’atmosphère sont froides ; c’est ce que les spécialistes appellent un temps instable. Le soleil, en chauffant le sol, communique à ces masses d’air leur élan ascendant, tout comme les amas de paille en feu avaient fait décoller l’aérostat des frères Montgolfier. Cette année en juillet et août, le soleil a brillé sous un autre ciel que le notre, les orages ont donc été rares et en général peu violents. Seulement 8 jours avec tonnerre ont été recensés à Violay durant ces deux derniers mois, il y en avait eu 19 en 1995. La rareté des pluies orageuses combinée au nombre élevé de jours de pluie ont directement profité à la végétation, friande de journées douces et faiblement pluvieuses. Il faut tout de même garder en mémoire la sécheresse historique des mois de novembre à avril (voir le papier de début mai), sécheresse qui n’a pas permis aux nappes aquifères de se recharger durant l’hiver dernier. Le sous-sol n’a en aucun cas bénéficié de cette relative abondance d’eau estivale, seuls la végétation et par conséquent le monde de l’Agriculture ont apprécié. On pourrait bien de nouveau entendre parler de sécheresse si l’automne et l’hiver à venir ne rétablissent pas la situation.

 

A travers le pays.

Terminons par les traditionnels relevés des observateurs bénévoles. En ce qui concerne les températures maximales journalières de ces deux derniers mois, la plus élevée est observée à Feurs le 19 août : 34.3° ; il fait ce même jour 33.4° au Breuil, 32.8° à Bully, 31.9° à Andrézieux, 31° à St Symphorien-sur-Coise, 29.4° à Violay et seulement 27.6° aux Sauvages. A l’opposé, cette même température maximale reste bien fraîche le jour de la Fête Nationale : 18° à Feurs, 17° à Andrézieux, 15.5° à St Symphorien, 14.9° à St André-la-Côte, 13.1° à Violay et 12.2° aux Sauvages. D’une manière générale, les températures maximales demeurent très sages, leur déficit moyen pour ces deux mois est de l’ordre de 1 degré. Les températures minimales ne commettent pas d’excès elles non plus, on relève pour les plus froides d’entre elles : 8.6° à Violay et 8° aux Sauvages le 11 août ; 5.5° à St Symphorien, 6.2° à Bully, 6.8° au Breuil, 7.2° à Jas, 8.1° à Feurs ainsi qu’à St André-la-Côte et Andrézieux le 5 juillet. Certaines nuits sont très douces, on peut citer la nuit du 18 au 19 août où le thermomètre ne descend pas sous 20.7° à Violay, 19.6° aux Sauvages, 17.9° à Andrézieux, 16.9° à Feurs. La nuit du 29 au 30 août est elle aussi particulièrement clémente dans les fonds de vallées exclusivement : 18.5° de mini au Breuil,18.2° à Bully, valeur record pour un 30 août depuis au moins 1959. Du coté des précipitations, on note une forte disparité des cumuls mensuels : la plaine du Forez est copieusement arrosée (150 % de la normale en août à Feurs et Balbigny), tandis que les secteurs de Bully et le Breuil enregistrent des valeurs proches des normales, voire légèrement déficitaires (85 % de la normale en août au Breuil et à Bully). Voici la liste par localité des cumuls mensuels en millimètres de juillet et août : Andrézieux-Bouthéon : 81.4 / 127.2, Balbigny : 73 / 120.2, Bully : 61 / 61.8, Feurs : 41.0 / 126.5 , Jas : 59.8 / ??, Le Breuil : 71.2 / 62.2, Les Sauvages : 96.6 / 117.2, Montchal : 72.5 / 95, Montrottier 77.9/ 132.7, St André-la-Côte : 94.5 / ??, St Genis-l’Argentière : 61.6 / 83.5, St Symphorien-sur-Coise 103 / 116.5, Violay : 68.2 /116.7.

 

Mes remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise).

 

A Violay le 2 septembre 2002.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm