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Juin 2002

Le plus chaud de tous les juins.

 

 

Le réchauffement en marche.

Juin 2002 va apporter de l’eau au moulin des partisans du réchauffement climatique. Au regard de sa température moyenne, ce premier mois de l’été météorologique dépasse en chaleur tous les autres juins depuis 1946 à St-Etienne Bouthéon. A ce même endroit, le précédent record était attribué à juin 1950 avec une température moyenne de 19.56°, suivait celui de 1976 avec 19.15° ; juin 2002 affiche quant à lui une moyenne de 19.8°.

Les autres mois de l’année possèdent aussi, bien évidemment, leur « mois le plus chaud ». Avec ce nouveau promu, on constate que dix d’entre eux se localisent dans les vingt dernières années et même six dans les cinq dernières années : il s’agit d’août en 1997, de mai en 1999, de décembre en 2000, de mars et octobre en 2001 et donc de juin en 2002. Septembre et avril échappent  -mais pour combien de temps ?- à cet étonnant regroupement : ceux de 1949 demeurent aujourd’hui encore les plus chauds de leur catégorie.

A l’opposé, il faut remonter à 1985 pour rencontrer un mois le plus froid (novembre) et en 1977 pour en découvrir un second (août). Toujours à Bouthéon, le mois le plus chaud toutes catégories reste juillet 1983 avec 24° de moyenne ; le plus froid d’entre tous demeure, sans doute pour très longtemps encore, le célèbre février 1956 : -7.63° de moyenne.

La première moitié l’année est écoulée, la température moyenne de ces six derniers mois s’élève à 10.63° à Andrézieux-Bouthéon : c’est tout simplement le chiffre le plus élevé depuis au moins 1947.

 

Records de chaleur jour et nuit.

Ce mois de juin a donc été globalement très chaud, comme nous venons de le constater. La cause de cette chaleur est une importante canicule qui s’abat sur la région entre le 12 et le 23. A l’occasion de cet épisode particulièrement pénible à supporter, de nombreux records journaliers tombent, tant en température moyenne, que maxi et mini. Détaillons les en un lieu où les séries de températures remontent à 1946 : la station Météo-France d’Andrézieux-Bouthéon.

Des records journaliers de haute température moyenne y sont battus quotidiennement du 14 au 23 juin, soit durant 10 jours consécutifs. Un tel alignement de records n’avait encore jamais été vécu depuis au moins l’après-guerre. J’insiste bien sur le fait qu’il s’agit de records journaliers (il n’y a donc jamais eu de température moyenne aussi élevée un 14 juin que lors du dernier en date, même chose pour les 15 , 16, .. 22 juin). En revanche, le record de haute température moyenne pour un mois de juin entier n’a pas été inquiété : 26.1° au plus chaud de cette canicule (le lundi 17), mais 28.5° le 30 juin 1950.

En ce qui concerne la température maximale, et toujours à Bouthéon, nous ne battons « que » 7 records journaliers : du 14 au 18 puis les 22 et 23. La maximale la plus chaude a lieu les lundi 17 et mardi 18 avec 34.9°. Là encore il s’agit bien de records journaliers mais certainement pas mensuels : il avait fait 37.8° de maxi le 30 juin 1950. Nous vivons 10 jours consécutifs avec un maxi supérieur à 30 °, nous en avions supporté davantage en 1976.

La température minimale n’est pas en reste, huit records journaliers sont décrochés durant cette canicule ; la valeur la plus élevée est pour la nuit de mardi 18 à mercredi 19 : le mercure ne descend pas en dessous de 19.9°. Ce jour là, nous effleurons le record de haute température minimale pour un mois de juin : il reste détenu par le 2 juin 1999 avec 20° tout rond.

 

Nuits particulièrement chaudes sur les monts.

La vague de chaleur n’a pas sévi uniquement à Andrézieux, voyons quelques valeurs de température relevées sous abri par les observateurs bénévoles ainsi que les stations automatiques dans le secteur. Le seuil de forte chaleur, soit 30°, est atteint dès le 13 juin à Feurs, le Breuil, Bully ; dans ces localités, les températures maximales se maintiennent au dessus de ce seuil jusqu’au 23, soit durant 11 jours consécutifs. Les après-midi les plus chaudes sont celles des lundi 17 et mardi 18 ; ces jours là, on relève des maxis de 34.4° à Jas, 34.5° à St-Symphorien-sur-Coise, 36.4° au Breuil, 36.8° à Bully et 37.5° à Feurs. Sur les monts, le seuil de 30° est aussi franchi mais moins nettement et durant une plus courte période. A Violay, St-André-la-Côte comme à Grammond, on ne compte que quatre jours à maximum au dessus de 30°, la valeur la plus élevée apparaît le 18 avec 32.9° à St-André, 32.2° à Violay et 32.1° à Grammond. La station automatique des Sauvages n’enregistre qu’un seul pic au dessus de 32° : 32.1° le 18.

Comme très souvent durant les vagues de chaleur, les nuits en plaine ou fond de vallée se révèlent plus fraîches que celles sur les monts. La nuit du 14 au 15 par exemple, voit une température minimale de 19° à Feurs, 18.3° à Andrézieux, 14.1° à Bully, 14° au Breuil, mais 19.1° à Jas, 20.4° aux Sauvages, 20.5° à St-André-la-Côte, 20.8° à Grammond et même 21.2° à Violay. L’écart de température minimale entre monts et vaux est encore plus saisissant la nuit du 17 au 18 : il fait frais au Breuil (mini de 12.7°) ainsi qu’à Bully (13°) et St-Symphorien-sur-Coise (14°), tiède en plaine du Forez (16.2° à Andrézieux et 17.7° à Feurs), chaud aux Sauvages et Grammond (20.1°), étouffant à Violay (mini de 22.4°) ; cette nuit là, la couche d’air chaud est très épaisse puisque la station du Col de la Loge (monts du Forez, alt 1270 m) enregistre une température mini de 22.2°.

Une minimale supérieure à 20° est assez banale en montagne, moins en plaine et rare en fond de vallée. En 33 ans de mesures, Mr Subrin au Breuil n’a relevé qu’une seule minimale au dessus de 21° (21.5° le 1er août 1983), il n’en a noté que 6 au dessus de 20°. Durant ces quelques jours suffocants, 3 minimales ont atteint ou dépassé les 21° à Violay.

 

Orages et grêlons.

La pluie reste assez discrète durant la première décade, le cumul de ces dix premiers jours atteint 12.5 mm au Breuil, 17 à Feurs, 23.6 à Violay. La seconde décade est entièrement sèche en beaucoup d’endroits ; les fortes chaleurs accentuent l’évapo-transpiration et le spectre de la sécheresse s’agite de nouveau. La soirée de dimanche 23 ainsi que la nuit suivante est le siège de nombreux orages extrêmement productifs ; les abats d’eau s’échelonnent de 17 mm à St-André-la-Côte à un étonnant 79 mm à Feurs (la Selle). Entre ces deux valeurs extrêmes, on trouve 18 mm à St-Symphorien-sur-Coise, 20 mm à St-Genis-l’Argentière, 25 à Andrézieux, 30.6 au Breuil, 32.2 à Balbigny, 38 à Bully, 57.3 à Violay, 60 à Jas, 62.4 à Montrottier, 77.5 mm à Feurs route de Valeille.

Quelques jours plus tard, jeudi 27, une importante cellule orageuse remonte de la vallée du Rhône et bombarde de grêle l’agglomération lyonnaise. Les communes de Grézieux-la-Varenne, Vaugneray, St-Martin-en-Haut sont principalement touchées par des grêlons de l’ordre de 5 cm d’envergure. Quelques instants plus tard, vers 19h 35, c’est au tour de la région de Tarare d’être affectée par cette grêle, la taille des glaçons est de l’ordre de 4cm à Violay, on n’en voit pas à Joux. Les secteurs de St-Genis-l’Argentière, le Breuil, Bully, St-Symphorien-sur-Coise, Montrottier sont quasiment épargnés par les chutes de glace. La nuit suivante, les orages abandonnent une lame d’eau très conséquente : 24.4 mm à Andrézieux, 24.6  à Balbigny, 30 mm au Breuil, 31 à Montrottier, 31.3 à Violay, 32.5 à Bully, 39.2 à Jas, 40 à St-Symphorien , 50 mm à St-Genis-l’Argentière ainsi qu’à Feurs (la Selle).

Finalement, la quantité de pluie de ce mois de juin se situe au voisinage de la normale pour des localités comme le Breuil : 73 mm, Balbigny : 78.9 mm, Andrézieux : 90.4 mm. Les communes de Montrottier, Violay, St-Genis-l’Argentière, St-Symphorien-sur-Coise et Bully avec respectivement 120.5, 112.9, 104.4, 94 et 87.5 mm se situent franchement au dessus de la moyenne ; enfin la ville de Feurs se distingue avec ses 134 mm, représentant près du double de sa valeur habituelle.

 

 

Mes remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Descombes (Joux), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise), Vernay (Feurs).

 

A Violay le 2 juillet 2002.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm