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NOVEMBRE 2002.

 

Rideau de pluie.

 

La pluie en lever de rideau.

L’eau du ciel avait cruellement fait défaut de novembre 01 à mai 02. De grosses inquiétudes planaient alors pour l’été à venir qui a finalement été abondamment arrosé. Les gouttes estivales sont tout juste capables d’enrayer une sécheresse superficielle mais en aucun cas de remplir les réserves souterraines mises à mal en ce début d’automne. Dame Nature a encore bien fait les choses cette année, puisque novembre vient à lui seul de combler une bonne partie du déficit hydrique des nappes profondes.

Il n’est pas nécessaire de posséder un pluviomètre pour se rendre compte de l’importance des pluies en ce novembre 2002. Toutefois, n’ayons pas la mémoire éphémère et ne taxons pas trop vite ces dernières pluies d’exceptionnelles. Le record de hauteur de pluie pour un mois de novembre depuis au moins le début de l’ancien siècle était détenu, dans le secteur, par celui de 1996. Dans la région couverte par cette chronique météo, aucun poste n’efface ce record ; comme on le verra en fin d’article, on en est même très loin en Plaine du Forez ainsi que dans les fonds de vallées. Les précipitations exceptionnelles ont lieu, certes, mais à l’est du Rhône et de la Saône : dans l’Ain et nord Isère, des cumuls inédits largement supérieurs à 250 voire 300 mm sont enregistrés en plaine, les 500 mm sont approchés en montagne jurassienne (station de la Pesse). Le poste de Villefranche-sur-Saône bat le record de novembre 1996 de 2 mm seulement.

 

La température en star.

Les effets des fortes pluies ont été amplement commentés dans la presse et sur les ondes ; ceci ne doit pas nous faire oublier l’étonnante douceur de cette fin d’automne. Il est vrai qu’une température clémente en novembre passe relativement inaperçue, même lorsque les valeurs thermométriques battent les records comme c’est le cas actuellement. Ce novembre 2002 s’avère être le plus doux en température moyenne au Breuil, depuis au moins 1969, Villefranche frôle son record de 1984 de moins d’un dixième de degré. En Plaine du Forez, le record de 1984 est approché à un dixième de degré pour Feurs. Concrètement, la température moyenne de ce mois enregistre un excédent de 3.2° en Plaine du Forez, de 2.4° sur les monts et de 3.3° en val de Saône. La température minimale reste très modérée tout au long de la période : la preuve évidente nous vient du centre départemental Météo-France d’Andrézieux-Bouthéon qui, en 57 ans de mesures n’a jamais enregistré de plus basse température aussi élevée pour un novembre : le mercure ne s’est jamais abaissé en dessous de 1.1° durant ce novembre. Seuls deux novembres parmi les 57 depuis 1946 montrent une plus basse température positive : 0.2° en 1994 et donc 1.1° actuellement. Le gel sous abri n’a donc jamais été noté cet automne à Andrézieux, cet état de fait ne s’était jusqu’alors rencontré qu’une seule fois depuis l’après-guerre : en 1994, année du premier gel le plus tardif -1.4° le 14 décembre. Au Breuil, la température la plus basse relevée ce mois ci est de seulement 0.0°, ce ne s’était jamais vu depuis au moins 1969. Le nombre de jours avec gel pour 2002 (on rappelle qu’un jour est avec gel si sa température minimale est égale ou inférieure à 0°) à St Etienne Bouthéon est de seulement 28 au 30 novembre, c’est la seconde valeur la plus faible derrière les 26 de 1994, la valeur normale est de 60. Fin novembre 1973, on en comptait déjà 105. Durant toute l’année 1994 on en avait dénombré 38, 125 pour 1973.

 

Brefs coups de vent, de neige, de tonnerre.

C’est en soirée de jeudi 7 que la première neige de l’automne est observée sur les monts au dessus de 600 m environ. L’averse ne dure que quelques minutes et blanchit le sol une heure ou deux à Violay et St-André-la-Côte. Cette apparition est très fugace et reste sans lendemain : on ne revoit plus de flocons jusqu’à la fin du mois. Quelques jours plus tard, le 12 au matin, se produit une inversion entre les sommets et les fonds de vallées : tandis que Messieurs Blotas à Bully et Thizy à St-Symphorien relèvent respectivement –0.5° et 0.0° sous abri, il fait 4.4° à St-Vérand, 4.5° à Violay et aux Sauvages. Le vent souffle en tempête sur la région jeudi 21 en tout début de matinée : une violente bouffée de sud est mesurée à 111 km/h à Dareizé. Des pots de fleurs sont renversés, une coupure de courant paralyse St-André-la-Côte. Dans la soirée de samedi 23 et surtout dans la nuit suivante, de jolis éclairs et un bon coup de tonnerre se font remarquer. Il n’est pas si courant de voir ces phénomènes une fin novembre ; mais sans doute nombre d’entre vous se souviennent qu’un important système orageux couvrit la région d’une épaisse couche de neige collante et bleutée, c’était hier, c’était il y a 20 ans... Le mercredi 27 on observe une autre inversion thermique, mais beaucoup plus rare celle là, puisqu’elle se produit l’après-midi, sur la température maximale. On remarque au plus chaud de cet après-midi 14.4° à Jas, 14.3° à Violay, 13.5° à St André-la-Côte et seulement 13.4° à Andrézieux, 12.5° à St-Vérand, 12.4° à Bully, 11.7° au Breuil. Le lendemain, les rôles sont exagérément inversés : maxi de 18.7° à Bully, 17.5° au Breuil et seulement 12.5° à St André, 11.9° aux Sauvages, 11° à Violay.

 

Eau combien !

Terminons par les lames d’eau recueillies par les observateurs bénévoles ainsi que les stations automatiques de la région. Une fois n’est pas coutume, commençons par le total du mois, l’éventuel nombre entre parenthèses correspond au cumul de novembre 1996, qui constitue le record pour un novembre. Feurs 148.5 mm (192.8), Balbigny 156.4 mm (195.3), Andrézieux 170.3 mm (190.8), St-Genis-l’Argentière 172 mm (221.9), Le Breuil 176.1 mm (213.5), Bully 185.7 mm (222.8), Jas 187.3 mm, Montchal 194 mm (206.5), les Sauvages 200.8 mm (276.2), St-Symphorien-sur-Coise 208.5 mm (232.9), Montrottier 214.8 mm, St-André-la-Côte 221 mm, St-Vérand 227.7 mm (273.4), Violay 229.9 mm (238.3).

Les deux principaux épisodes pluvieux responsables de ces importantes lames d’eau ont lieu du 13 au 16 ainsi que du 23 au 25 (un week-end bien entendu...). Vous trouvez ci-après la hauteur d’eau du premier épisode puis celle du second, le tout en mm : Montrottier 62 / 62.4 , Montchal 47 / 51, St-André-la-Côte 72.5 / 69.2, Violay 57.6 / 64, Andrézieux 47.4 / 64.6, Feurs 38 /55.5, Balbigny 37 / 52.2, Jas 46 / 56, Bully 61.9 / 59.1, les Sauvages 53.2 / 55.2, St-Symphorien-sur-Coise 63 / 61, St-Genis-l’Argentière 60.5 / 57, St-Vérand 66.4 / 63.9, Le Breuil 57.6 / 50.8.

 

Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise).

 

A Violay le 2 décembre 2002.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm