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Septembre 2002 ne sauvera pas l’été.
Juin élu mois de l’année.
C’est un fait singulier que d’avoir le mois de juin comme mois le plus chaud dans une année. En général, ce titre échoit soit à juillet (53% des cas depuis 1946 à St Etienne Bouthéon), soit à août (42% des cas) et plus rarement à septembre ( 4% des cas) ; c’est la première fois depuis au moins l’après guerre, à Bouthéon, qu’un mois de juin surpasse en température ses trois successeurs. Si on consulte des séries thermométriques plus anciennes, celles de l’observatoire de St Genis-Laval par exemple, on se rend compte que durant la première moitié du vingtième siècle, juin a été cinq fois le mois le plus chaud de l’année : en 1908, 15, 17, 30 et 31. Le premier mois de cet automne météorologique, on l’aura deviné, n’a donc pas été fameux d’un point de vue thermique : il enregistre un déficit en température moyenne de 1 degré sur les hauteurs (Violay) ainsi qu’en plaine (St Etienne Bouthéon) ; ce déficit est presque nul dans des localités plus abritées comme le Breuil. La durée d’ensoleillement de ce septembre a été à l’image de celle des deux mois précédents, c’est-à-dire assez médiocre : 157.5 h à Bouthéon contre 210 en moyenne, 172 h aux Sauvages pour 194 h de normale. Les jardiniers qui comptaient sur le soleil de septembre pour rattraper les défaillances de celui d’août en on été pour leurs frais.
Les maximales flanchent.
C’est le fait marquant de ces trois derniers mois : la faiblesse des températures maximales. En septembre, la valeur la plus élevée atteinte par le thermomètre placé dans l’abri du centre départemental Météo-France de St Etienne Bouthéon atteint péniblement 25.8° : on reste très loin des 36° du 13 septembre 1987. Seulement trois années depuis 1946 déplorent une plus basse valeur maximale : 1952, 76 et 95. Cette température maximale descend même à des profondeurs abyssales durant la journée du mardi 24 ; ce jour là, le mercure ne peut monter plus haut que 8.6° à St Etienne Bouthéon. Une telle température maximale ne s’était jamais vue, un tel jour, en ce lieu : le record journalier de basse température maximale est donc battu pour un 24 septembre. Cette température est d’ailleurs si basse qu’elle bat même un autre record, bien plus prestigieux : celui de la plus basse température maximale pour tout un mois de septembre ; on n’a donc jamais eu aussi froid un après-midi de septembre depuis au moins 57 ans. Neuf années seulement peuvent se targuer de comporter un tel record, pour les autres mois évidemment : il s’agit de 1956 pour février et novembre, 1962 pour juin et décembre, 1966 pour juillet et août, 1971 pour mars, 1985 pour janvier, 1986 pour avril, 1987 pour mai, 1997 pour octobre et donc 2002 pour septembre.
Une première décade douce et orageuse.
La douceur des températures minimales est assez remarquable durant les dix premiers jours de ce mois. Au Breuil, on n’avait jamais vu de première décade de septembre aussi clémente en température minimale depuis au moins 1969. Les minimales du premier septembre sont presque chaudes en plaine : 16.8° à Bully, 16.5° au Breuil, 15.6° à Feurs, 15.5° à Andrézieux Bouthéon ; mais fraîchissent rapidement sur les hauteurs : 11.9° aux Sauvages, 12.2° à St André-la-Côte, 12.3° à Violay, 14.5° à St Symphorien. Cette journée de dimanche est d’ailleurs exécrable : le brouillard se maintient toute la journée au dessus de 500 m environ et le mercure ne peut guère progresser durant l’après midi : seulement 2.2° d’amplitude à Bully, 1.8° à Feurs et même 1.6° à Bouthéon, soit la valeur la plus basse pour un premier septembre depuis l’ouverture de la station en avril 1946. On trouve des amplitudes plus faibles encore sur les monts : 1.3° à Violay et 1.0° aux Sauvages. Les orages se manifestent durant trois ou quatre journées, ils ne sont ni violents ni très productifs en eau. Le cumul de pluie pour cette première décade atteint 61.2 mm au Breuil, 59 à Montrottier, 53.1 à Violay, 52 à St Symphorien-sur-Coise, 49.9 à St Vérand, 49.5 à St Genis-l’Argentière, 48.6 à St André-la-Côte, 45.2 aux Sauvages, 41 à Montchal, 40.8 à Bouthéon, 38.2 à Bully, 37.4 à Balbigny, 34 à Feurs. Les premiers cèpes, pieds de mouton et autres chanterelles grises apparaissent déjà dans les bois.
Equinoxe d’hiver le 23 septembre.
La seconde décade est soumise à un régime d’est à nord-est : de l’air plus sec nous provient d’Europe centrale, les nuits deviennent beaucoup plus fraîches (4.9° de baisse au Breuil entre les deux décades) tandis que le soleil maintient tout juste des maximales de saison. L’après midi du 19 est le plus chaud du mois pour tous les postes du secteur : 27.7° à Feurs, 27 à Bully, 26.8 au Breuil, 25.8 à Bouthéon, 25 à St Symphorien-sur-Coise, 24.7 à St Vérand, 23.5 à Violay, 22.5 à Grammond, 22.1 aux Sauvages, 22 à St André-la-Côte,. L’été civil n’est pas encore terminé quand une importante bouffée de nord déboule sur la région. La transition est brutale et seulement quelques heures après le passage officiel à l’automne civil, les premiers flocons de la saison voltigent lundi 23 sur les monts du Forez au dessus de 1300 m environ. Le lendemain, cette limite pluie-neige s’abaisse davantage et nous subissons en journée les pires températures qu’un septembre puisse nous donner. Les maximales ce mardi restent encore acceptables en des lieux très abrités comme le Breuil et Bully (11.5°), mais s’effondrent en plaine du Forez –ouverte au vent de nord- et sur les hauteurs : 10° à St Vérand, 9.4 à Feurs, 8.6 à Bouthéon, 8 à St Symphorien-sur-Coise, 5.5 à Violay, 5.3 à Grammond, 4.8 à St André-la-Côte, 2.0 au col de la Loge. Le lendemain, le vent du nord s’essouffle quelque peu et le ciel se dégage, c’est donc au tour des minimales de se croire en décembre ; on relève au petit matin de mercredi 25 : 1.1° à St André, 1.4° à Violay. Clermont-Ferrand en profite pour établir un étonnant record mensuel de basse température minimale : -1.4°, il n’avait jamais fait aussi froid en septembre dans la capitale auvergnate depuis au moins 1931 ! C’est le 29 que les postes de plaine enregistrent leur plus bas minimum du mois : 0.8° à Bully et au Breuil, 2.4 à Feurs et 3.3 à Andrézieux.
Les pluies ne sont jamais abondantes lors de ces deux dernières décades de sorte que ce septembre 2002 arrive plus ou moins à son niveau normal de précipitations, les postes de Montrottier, St André et St Genis affichent toutefois un net excédent. Les cumuls mensuels s’élèvent à : 70.2 mm à Andrézieux-Bouthéon, 77.1 à Balbigny, 59 à Bully, 80.4 au Breuil, 73 à Feurs, 76 à Montchal, 117.4 à Montrottier, 101.4 à St Genis-l’Argentière, 101.5 à St André-la-Côte, 95 à St Symphorien-sur-Coise, 77.9 à St Vérand, 87.8 à Violay.
Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière), Messieurs : Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St Vérand), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise).
A Violay le 1er octobre 2002.
M. Gagnard
Contact : gagnard@univ-lyon1.fr