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Janvier 2003

 

Six ou seize ?

Si on demande à un habitant de plaine combien d’années doit-on remonter pour trouver un janvier plus froid que ce dernier, il vous répondra six ans. Posez la même question aux gens de Violay, Les Sauvages, Grammond ou St-André-la-Côte et vous aurez seize ans comme réponse.

Janvier 1997 avait connu de longues périodes anticycloniques, donc propices aux brouillards tenaces en plaine.  En revanche les monts avaient profité d’agréables journées ensoleillées et de nuits relativement douces. En schématisant un peu, l’air de ce janvier 1997 avait stagné sur le pays durant le mois entier ; une telle situation se produisant en hiver amène immanquablement des inversions de température assez marquées entre la plaine et la montagne. A cette époque, et sur le mois entier, il avait fait plus froid à Feurs (1.7° de moyenne) qu’à Grammond (2.2° de moyenne). Le déficit de température pour les postes de plaine avait été d’un bon degré, alors que ceux d’altitude enregistraient un excédent thermique.

Une telle situation calme ne s’est pas renouvelée au cours de ce premier mois de 2003 ; les vents étaient fréquents et de directions variées. Lorsque l’air turbulent ne fait que passer sur la région, la montagne devient nettement plus froide que la plaine, les inversions nocturnes sont inexistantes. Les chiffres suivants sont assez parlants : la température moyenne à Andrézieux-Bouthéon pour ce janvier est de 1.9°, celle de Violay que de –0.8°. Le déficit thermique dans la première localité s’élève à 1.1°, contre 1.8° dans la seconde. Les fonds de vallées notent un déficit de chaleur encore plus faible que ceux de plaine : 1.6° de moyenne ce janvier au Breuil pour 2.4° de normale.

L’hiver arrive avec fracas et tracas.

Les deux premiers jours de 2003 subissent encore le souffle tiède de décembre. Les dix degrés sont largement dépassés les après-midi, même sur les hauteurs : 15.5° à St-Symphorien-sur-Coise, 15.4° à St-Vérand, 13.6° à Violay 13.5° à St-André, 13° aux Sauvages jeudi 2. Le printemps semble arriver en plaine et vallées : le thermomètre ne descend pas en dessous de 12° à Feurs durant la nuit du premier au 2. Un record de douceur en température minimale et maximale est même battu ce jeudi 2 à St Etienne Bouthéon : 12° de minimale et 18.1° de maximale, du jamais vu un 2 janvier depuis au moins 57 ans. Bully et le Breuil poussent les degrés encore un peu plus haut et affichent 18.3°. La trop grande douceur subit un brutal coup d’arrêt dans l’après-midi de samedi 4 : les premiers flocons de l’année s’abattent en bourrasques à Violay à 14h 15 et ne tardent pas à couvrir le sol malgré la température élevée de ce dernier. La température maximale de cette journée est d’ailleurs enregistrée le matin dans tous les postes de la région, la minimale arrivant en fin d’après-midi. Les maximales restent elles aussi sous zéro degré y compris en plaine à partir de dimanche 5, elles ne se relèveront que le 14, totalisant ainsi une somme de neuf jours consécutifs sans dégel. Entre temps, les quelques centimètres de neige au sol entraîneront en fin de journée de mercredi 8 de considérables perturbations du trafic automobile. Il ne faut cette soirée pas moins de 4 heures pour rallier Lyon à Villefranche, plus de 5 heures entre Violay et Tassin…

Des maximales qui n’en ont que le nom.

Ce refroidissement se confirme et s’intensifie, nous assistons à la véritable première vague de froid depuis décembre 2001. Les températures minimales plongent en altitude ; les moins dix degrés sont atteints ou dépassés pour la première fois le 10 : -10° à Grammond, -10.3° aux Sauvages, -11° à St André, -11.5° à Violay. Le froid s’installe aussi en plaine et vallées : -9° à Bully et au Breuil, -7.1° à Feurs, -6.1° à Andrézieux de minimale ce même jour. Ces températures minimales plafonnent malgré tout assez rapidement aux environs de –12 à –13° en altitude, on note au plus froid : -10.7° à St-Vérand, -11.7° à Grammond, -12° à Violay, -12.6° aux Sauvages, -13.1° à St-André. En plaines et vallées, les –10° ne sont dépassés qu’une ou deux fois -mais de belle manière- il fait au petit matin de lundi 13 : -13.8° à Feurs, -13.9° à Andrézieux, -14° à Bully, -14.2° au Breuil, -15° à Roanne-ville et St-Symphorien, –16° à Charlieu. On n’avait pas vu, dans le Bassin Roannais et Plaine du Forez, de si basses températures depuis les grands froids de janvier 1987. Pour les postes de fonds de vallées comme Bully et le Breuil, il faut même remonter au fameux janvier 1985 pour noter trace d’une plus basse température. En montagne, comme on vient de le voir, les valeurs minimales restent relativement modérées ; en revanche, les maximales sont assez inhabituelles : il ne fait que –9.5° au moins froid de la journée le 10 à Violay et St-André-la-Côte, -9.7° aux Sauvages ce même jour, -9.2° de maxi à Grammond le 12. On n’avait pas revu de telles maximales à Violay et aux Sauvages depuis janvier 1987 ; ce mois là, la station météorologique alors placée au col même des Sauvages avait noté un terrible –14.7° de maximale, c’était le 12 janvier 1987. Les stations de plaine et vallées vivent des journées nettement moins froides : -5.5° à Feurs et Andrézieux, -5.3° au Breuil, -5° à Bully, pour les plus basses maximales. Durant cette offensive hivernale, la neige reste très discrète et ne recouvre la région que de cinq centimètres environ.

Neige pour tous en fin de mois.

Une période nettement plus douce succède à ce coup de froid, de faibles gelées matinales se rencontrent encore sur les monts, mais les après-midi redeviennent cléments. Comme souvent après une vague de froid, la plaine et les vallées tardent à retrouver des températures douces, la journée du 15 voit d’ailleurs les maximales de montagne surpasser celles des vallées : il fait cet après-midi 9.5° à St-André et Violay, contre seulement 6.2° au Breuil, 9.7° à Feurs et Andrézieux. Le temps change radicalement en fin de mois, un air d’origine arctique déboule sur la France à partir du 28. Cet air directement venu du pôle est curieusement, en hiver, moins froid que l’est celui en provenance d’Europe Centrale ; en effet, son passage au dessus des mers de Norvège et du Nord l’adoucit considérablement à sa base. Bien entendu, le fait de voyager au dessus d’étendues d’eaux tièdes le charge d’humidité et c’est un air frais, instable et neigeux qui arrive sur notre région. La neige recouvre rapidement les zones montagneuses au dessus de 500 m environ ; la limite pluie neige s’abaisse ensuite et la plaine se retrouve elle aussi couverte d’un manteau blanc. On relève une épaisseur maximale de 30 cm à Violay (environ 35 cm à 1000 m à la Tour Matagrin), 25 à 30 cm à St André, 25 à St-Appolinaire, 20 à Montrottier, St-Symphorien et St-Genis-l’Argentière, 15 à 18 cm à Montchal, 14 à Feurs, 10 à St Vérand, 8 à Bully, Balbigny et au Breuil. De moyennes congères se forment (1.3 m à Violay en des lieux particulièrement exposés). Voici les cumuls de pluie mensuels en mm, cette hauteur comprend l’eau de pluie ainsi que celle issue de la fonte de la neige : Andrézieux 31.2, Bully 32.5, Balbigny 39.4, Le Breuil 40.8, Feurs 44.9, St-Symphorien 50, Les Sauvages 54.6, Montrottier 56.2, St-André 57, Montchal 63, Violay 64.8, St-Vérand 67.9, St-Genis 69.8, St-Appolinaire 90.

Signalons enfin la présence d’un Forum de discussion sur la météo de la grande région lyonnaise sur Internet, l’adresse est : http://meteoamateurslyon.fr.tc vous êtes évidemment convié(e) à vous y exprimer.

 

Remerciements à Mesdames Laval (St-Genis-l’Argentière), Rollin (St-Appolinaire). Messieurs : Benier (Feurs), Blotas (Bully, Rhône), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil), Thizy (St-Symphorien-sur-Coise).

 

A Violay le 4 février 2003.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm