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juin 2003

 

 

Ce juin qui ne respecte rien.

 

 

 

 

Il est des mois tellement étonnants qu’on ne sait par quel bout entamer leur description météorologique, juin 2003 fait partie de ceux là. Ce mois est terriblement chaud : à St-Etienne Bouthéon sa température moyenne atteint 24.1°. Aucun mois depuis au moins l’après guerre n’a été aussi torride : pas un juillet, pas un août, même le brûlant juillet 1983 reste en deçà. Qu’un juillet ou août détienne le titre du mois le plus chaud, quoi de plus normal ? ça avait d’ailleurs toujours été le cas jusqu’à présent ; mais voilà qu’aujourd’hui un juin s’empare de la première place ! Classiquement, la température moyenne de juin est de deux bons degrés inférieure à celle de juillet et août. Cet événement fera date en climatologie ; si on devait lui trouver une image dans le domaine sportif, ce serait celle d’un coureur gagnant le Tour de France en ayant roulé une étape supplémentaire.

Au centre Météo France d’Andrézieux-Bouthéon, la  température moyenne de ce mois surpasse sa normale de 7.4° ; une telle déviation positive est du jamais vu depuis l’après guerre, le précédent record appartenait à février 1990 qui avait dépassé de 6 degrés sa moyenne. Toutefois, un écart négatif bien plus important a été vécu au milieu du précédent siècle : février 1956 avait été 11.5° plus froid que la normale. Les températures maximales de ce juin 03 sont encore plus inhabituelles puisque leur moyenne de 31.4° se situe 8.9° au dessus de la normale et est même 3.6° plus chaude que celle du célèbre juin 1976.

Paradoxalement, à St-Etienne Bouthéon, le record de haute maximale pour un juin n’a pas été battu, il a simplement été égalé : 37.8° le 30 juin 1950 et le 22 juin 2003. Le record absolu de la station (40.8°) est resté quant à lui solidement accroché.

 

Chaleur permanente.

Le nombre de jours de chaleur, c’est à dire le nombre de jours où la température maximale atteint ou dépasse 25° est intéressant pour mesurer la constance d’une vague de chaleur. Jusqu’à présent, à Andrézieux-Bouthéon, le meilleur score d’un juin était celui de 1976 avec 24 jours de chaleur, celui du meilleur juillet atteint 29 en 1983, 28 pour août 1997. Là encore juin 2003 bouscule la hiérarchie en se payant le luxe d’aligner 30 jours de chaleur : impossible de faire mieux… la plus basse des températures maximales est de 25.5° le 18 juin. Si on porte ce seuil à 30°, soit la limite conventionnelle de la forte chaleur, le plus fourni des juins était encore celui de 1976 avec 16 cas : on en compte 17 cette année, alors qu’on devrait en avoir seulement 2 en moyenne. Plaçons la barre à 35°, soit la limite du… supportable : jusqu’à présent, uniquement les juins de 1947 et 1950 comportaient de tels jours (2 chacun) ; juin 2003 se distingue encore en en alignant 7 ! seul juillet 1983 fait mieux avec 8 au compteur.

Les nombres de jours à maximale supérieure ou égale à 25, 30 et 35° sont ce mois-ci respectivement de : 22/9/0 pour les Sauvages, 25/7/0 à St-André, 25/12/1 à Violay, 28/12/1 à Montchal-Fontanes, 30/16/2 pour St-Vérand, 30/17/5 à Jas, 30/20/10 pour Feurs, 30/23/5 pour le Breuil, 30/23/6 pour Bully, 30/23/7 à Bron, 30/27/11pour Feurs-Randan.

 

Four à Feurs.

Dimanche 22, le soleil, alors au mieux de ses capacités astronomiques, décide de transformer cette journée en fournaise et il faut avouer qu’il réussit admirablement. La nouvelle station de Météo France à Feurs-Randan enregistre cet après midi là une température de 41.4°, alors que celle implantée au chemin de la Barre, à l’autre bout de la ville se contente de 39.5°. La plus haute température vécue dans la cité forézienne était de 41.0° le 31 juillet 1983 ; le poste climatologique se trouvait alors à proximité de celui du chemin de la Barre, on ne peut donc pas annoncer que le record absolu de haute température a été battu à Feurs ce mois. Bien entendu, Feurs n’est pas la seule ville incandescente : on relève ce même dimanche (les éventuels nombres entre parenthèses sont les records absolus des postes, datant tous de juillet 1983) 39.7° à Roanne (41.3°), 39.2° à Charlieu, 37.8° à Andrézieux (40.8°), 37.6° au Breuil (39.5°), 37.4° à Bully (39.9°), 36.3° à St-Vérand, 36.1° à Jas, 36° à St-Symphorien, 35.5° à Violay et Montchal-Fontanes, 34.4° à Grammond, 33.5° aux Sauvages et 34.1° le lendemain, 32.5° à St-André mais 33.4° le 14.

Dans l’agglomération lyonnaise, à Villeurbanne Grand-Clément, le record absolu de la station tombe avec 41.0°, même chose à Villefranche s/ Saône : 38.6°.

Le second fait marquant de ce dimanche, outre ses effarantes maximales, est son amplitude thermique ; en effet beaucoup de postes relèvent ce même jour non seulement la plus haute maximale, mais aussi la plus petite minimale du mois. L’écart entre les deux extrema de la journée atteint alors 14.7° à St-André, 15° aux Sauvages, 16.3° à Grammond, 17.1° à Jas et Violay, 20° à St-Vérand, 25° à St-Symphorien, 26.3° à Feurs, 27.6° à Bully ainsi qu’au Breuil, 28.4° à Feurs-Randan, 29.4° à Charlieu.

La nuit suivante est étouffante, le mercure ne descend pas plus bas que 18.5° à Feurs-Randan, 19.9° à Jas, 21.1° aux Sauvages, 21.2° à Violay, 21.4° à Grammond, 22° à St-Vérand, 23.4° à Feurs et même 25° à Villeurbanne ; mais dans les bas-fonds abrités du vent tropical, on dort bien et sous la couette : 16.5° à St-Symphorien, 14° à Bully et 13.8° au Breuil.

 

Les prés revêtent le maillot jaune.

Avec de pareilles températures, l’évapotranspiration du sol est à son comble. Si on avait voulu, durant ce mois, constamment maintenir saturé en eau le sol d’un gazon ras, on aurait dû l’abreuver d’environ 200 mm d’eau. Malheureusement, le cumul hydrique de ce juin en est bien loin et les pâturages virent rapidement au jaune, spectacle plutôt rare ces dernières années. La sécheresse fait rage dans les premiers décimètres du sol, mais les nappes plus profondes, suralimentées par l’automne précédent résistent plutôt bien. Le niveau des étangs dans la région de Violay baisse seulement d’environ 1 mètre, certains restent même pleins à ras bord, rien à voir donc avec la sécheresse de 1976. Comme souvent en été, les orages localisés créent de gros écarts de pluie entre deux régions proches ; ainsi le 15 il tombe 29.8 mm au Breuil, 24.7 à Bully, 20 à Montrottier, 13 à Feurs-Randan, 12.3 à St Genis, mais seulement 2 mm à St-André, 1 à St-Symphorien, 0.6 à Grammond, 0.4 à Violay et rien à St Vérand, Feurs et Balbigny. La canicule expire en beauté le tout dernier jour du mois (minimale de 23° à Bouthéon, deuxième valeur la plus chaude en 57 ans) et dans la nuit du passage de juin à juillet nombre de postes recueillent davantage d’eau que durant les 29 premiers jours. L’année 2003 totalise à présent 6 mois déficitaires, exceptée la région de Sarcey, Bully, qui a bénéficié d’un juin correct grâce aux orages de la mi mois. Les cumuls annuels sont donc une fois de plus très maigres : 18 mm à St-Symphorien, 22.6  à Andrézieux, 24.8 à St-Vérand, 25.4 à St-Genis-l’Argentière, 26 à Violay, 27.4 aux Sauvages, 27.5 à Montchal-Fontanes, 28 à Balbigny, 31 à Jas, 32 à St-André, 33.2 à Montrottier, 37.8 à Feurs-Randan, 60 au Breuil, 75.6 à Bully. Depuis le début de l’an, les 149.9 mm de Bouthéon ne représentent que 45% de la dotation normale, on ne retrouve pire situation qu’en 1976 où l’on comptait seulement 134.5 mm à la fin juin.

L’ensoleillement mensuel frise les 300 heures de durée : 296 heures de soleil à Bouthéon et 299 sur les monts aux Sauvages ; bien entendu il est lui aussi largement excédentaire (de 70 heures environ) mais ne soutient pas la comparaison avec celui de 1976 et ses 373 heures. Il faut bien lui laisser un petit record à ce juin 76… Beausseigne…

 

 

Remerciements à Madame Laval (St-Genis-l’Argentière). Messieurs : Benier (Feurs-Randan), Blanchet (Villefranche et Villeurbanne), Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Le Gloahec (Montchal-Fontanes), Molin (St-André), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil).

 

A Violay le 2 juillet 2003.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm