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Mars 2003

 

Giboulées de soleil.

 

 

Cette année, le mois de mars met à mal sa renommée de mois à giboulées. Les flocons et grésils boudent ce premier mois du printemps météorologique et le soleil en profite pour sortir le grand jeu. L’astre du jour brille  durant 241 heures à Andrézieux-Bouthéon, et même 242 h sur les hauteurs, aux Sauvages. Nous sommes donc très loin des petites 94h de mars 2001. Pour nous donner une idée concrète du caractère exceptionnel de cette durée d’insolation, rappelons qu’en 1977 aucun des douze mois n’avait cumulé autant de soleil. Au centre départemental météorologique de la Loire, à Andrézieux-Bouthéon, la durée d’insolation n’est mesurée que depuis 1972 ; jusqu’alors, le mars le plus ensoleillé était celui de 1976 avec 222 heures. Toutefois, nous trouvons trace d’un mois de mars encore plus favorisé que le dernier : en 1961, l’héliographe à l’époque situé à Savigneux près de Montbrison, avait totalisé un cumul de 252 heures. Enfin en mars 1948, le soleil avait brillé durant 268 heures à Bron.

Tous les ingrédients sont réunis en ce mois de mars pour en faire un mois record en ce qui concerne les amplitudes thermiques quotidiennes. Le sol encore froid de l’hiver, les nuits majoritairement plus longues que les jours, un ciel totalement dégagé, un air calme et très sec. Les différences de température entre les matins et les après midi atteignent des valeurs remarquables : le poste de le Breuil, abrité en fond de vallée d’Azergues se distingue une fois de plus ; la moyenne mensuelle de ses amplitudes journalières s’élève à 16.5° ce qui constitue en ce lieu un nouveau record pour un mois de mars. Cette moyenne mensuelle est exactement la même pour Bully, autre poste situé en fond de vallée, celle de la Turdine. Le contraste entre température mini et maxi diminue au fur et à mesure de l’élévation en altitude : l’air est moins confiné ce qui modère le refroidissement nocturne ainsi que la surchauffe diurne. Nous trouvons une valeur moyenne de 14.3° à Feurs, 13.4° à Andrézieux (mais 14.2° en mars 1953 et 1961), 9.8° à Violay, 9.5° à St-André-la-Côte et même 8.9° sur la crête des Sauvages.

D’un point de vue température moyenne, ce mars est assez banal pour les postes de plaine et fond de vallée : excédent de 2.4° à Andrézieux, 2° à Feurs, 1.8° au Breuil ; mais devient anormalement doux sur les hauteurs : 4° de surplus à Violay. Si ces températures moyennes sont élevées, c’est bien entendu grâce aux maximales propulsées vers le haut par le généreux ensoleillement. A Andrézieux, la moyenne des maximales atteint 15.9°, soit un excédent de 4.1°, seuls les mars de 1948 (16.4°) et de 1957 (16.4°) avaient fait plus chaud ; au Breuil, cette moyenne s’élève à 16.7° et c’est un nouveau record pour ce poste dont les mesures débutent en 1969. A Violay, la surchauffe des températures maximales atteint même 5.2° : 13.6° de moyenne contre 8.4° habituellement.

 

Une première semaine mitigée.

Le premier ainsi que le second jour du mois sont assez maussades et chargent quelque peu le pluviomètre : 13.1 mm à Violay, 13 à Montchal, 12 aux Sauvages, 10.4 à Balbigny, 10 à St-Vérand, 7.3 à Montrottier, 6.4 à Andrézieux, 4.5 à Bully, 4 à Feurs, 3.5 à St-André et au Breuil 2 à St-Genis pour l’ensemble de ces deux jours. La météo reste faiblement perturbée jusqu’au 8 où quelques flocons mouillés sont aperçus à Violay. Durant cette période, les cumuls de pluie s’élèvent à  27.7 mm à Violay, 26.5 à Montchal, 24.6 aux Sauvages, 23.4 à Balbigny,  18.1 à St-Vérand, 15.5 à Feurs Randan, 13.5 à Feurs route de Valeille, 15.2 à Montrottier, 11.4 à St-André, 9.2 à Andrézieux, 8 à St-Genis l’Argentière, 7.9 au Breuil et à Bully. Le 6 est la seule journée du mois avec absence totale de soleil, la pluie occupe la matinée et les températures maximales sont les plus faibles du mois dans la plupart des stations : 11.2° à Andrézieux,  10.4° au Breuil, 10.1° à Feurs, 7.2° à St-Vérand, 6.7° aux Sauvages, 6.4° à Violay et St-André.

 

Tempête de ciel bleu.

A partir du 9 et quasiment jusqu’à la fin du mois, un anticyclone s’installe confortablement sur l’Europe occidentale. L’air qu’il nous envoie est parfois frais (du 13 au 18) lorsque les hautes pressions se situent sur l’Angleterre, puis le vent s’atténue par la suite, lorsque cet anticyclone se positionne sur la France. La siccité de l’air reste toujours très importante : l’hygromètre descend fréquemment entre 10 et 20 % d’humidité relative au plus chaud des après-midi.

Les gelées sont parfois sévères en plaine et fonds de vallées : -5.4° le dimanche 16 au Breuil, -5.2° à Bully, -4.5° à Andrézieux, -4.3° à Jas, -3.7° à Feurs, -3.6° à St-André, -2.2° à Violay et aux Sauvages. A partir du 14, une inversion thermique se met en place entre les monts et les vallées : le Breuil enregistre alors une série de 14 jours consécutifs avec gel, ils ne sont que 3 à Violay. D’ailleurs, le nombre de jours avec gel est excédentaire en vallée : 19 jours au Breuil (mais 22 en 1971) et 20 à Bully (21 en 1971) et largement déficitaire sur les monts : seulement 5 à Violay ainsi qu’à St-André et 4 aux Sauvages. L’inversion sur les minimales entre Le Breuil et Violay est spectaculaire les 11 et 15 mars où l’on enregistre 9.3° de moins sur les bords de l’Azergues qu’à Violay et davantage encore le 26 avec 10.3°. Il fait froid la nuit et presque chaud en journée, les écarts entre maxi et mini varient énormément selon qu’on se situe en vallée ou sur les hauteurs : le 11 on enregistre une amplitude de 9.8° à Grammond, 9.9° à Violay St-André et les Sauvages, 13.5° à St-Vérand, 13.9° à Jas, 17.8° à Andrézieux-Bouthéon, 20.7° à Feurs, 22° au Breuil, 22.7° à Bully ; le 24 cette amplitude augmente encore 23.3° à Bully, 22.8° au Breuil, 21.8° à Feurs, 17.7° à Andrézieux, 17.1° à Jas, 12.2° à St-Vérand, 11.4° à Violay, 10.9° aux Sauvages, 10.2° à St-André.

 

Sécheresse absolue.

Avec de pareilles pressions bloquant notre traditionnel flux océanique, les précipitations sont nulles ; on ne peut même pas compter sur les froides nuits pour donner un peu de rosée : l’air est trop sec. On enregistre alors un important nombre de jours consécutifs sans aucune trace d’eau dans l’éprouvette du pluviomètre. La durée ainsi que le début de cette période sèche varient en fonction des localités, on note par exemple 19 jours de sécheresse absolue à Violay, St-André, Montrottier, 20 aux Sauvages et Montchal, 21 à St-Vérand , 22 à Balbigny, St-Genis et 24 à Andrézieux. Si il n’y avait pas eu 0.1 mm de rosée le 27 au Breuil, cette station aurait aligné 25 jours secs consécutifs. C’est le poste de Bully qui enregistre la plus longue sécheresse : 25 jours à compter du 7. Une pareille durée sans pluie ni rosée n’est pas exceptionnelle dans notre région, nous en avons récemment vécu de plus importantes : 26 jours à compter du 26 janvier 1998, 28 jours à compter du 19 mars 1997 (chiffres d’Andrézieux).

Pour le troisième mois consécutif, les cumuls d’eau sont déficitaires dans notre secteur d’étude. Contrairement à l’an dernier, de bonnes réserves ont été constituées en novembre et décembre 2002, les nappes profondes ne doivent pas, pour l’instant, ressentir ce manque d’eau. Voici en mm le cumul mensuel de ce mars 2003 : Andrézieux 10.2, Bully 7.9, Balbigny 25.9, Le Breuil 8, Feurs Randan 18.4, Les Sauvages 25, Montchal 28.5, Montrottier 20.2, St-André 14.4, St-Vérand 18.3, St-Genis 9, Violay 29.9.

 

Remerciements à Mesdames Laval (St-Genis-l’Argentière). Messieurs : Benier (Feurs), Blotas (Bully, Rhône), Bonnefoy (Jas), Coquard (Montrottier), Duchez (Balbigny), Maugé (Montchal), Molin (St-André-la-Côte), Rollet (St-Vérand), Subrin (Le Breuil).

 

A Violay le 2 avril 2003.

M. Gagnard

Contact : gagnard@univ-lyon1.fr

Site Web : http://www.chez.com/gagnard/pageweb/indexclim.htm