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Mars 2005

 

Le grand écart.

 

Il nous en a fait voir de toutes les couleurs ce mois de mars : du blanc immaculé au jaune et vert des premières jonquilles en passant par le bleu des journées ensoleillées. Cette année, le printemps est arrivé brutalement et sans hésitation, il n’a fallu que deux semaines pour passer des records de froids aux records de douceur. L’amplitude thermique mensuelle (qui est la différence entre les deux températures extrêmes mensuelles) souligne le caractère exceptionnel de ce mois de mars. A Bron cet écart atteint 31.6°, c’est le plus important pour un mois de mars depuis le début des mesures en 1920. A l’abri de l’influence modératrice de la Vallée du Rhône, le poste d’Andrézieux mesure une amplitude mensuelle de 36.2° ce qui est, là aussi, du jamais vu en mars depuis au moins 1947. Les autres stations du secteur fournissent des valeurs sensiblement identiques, assez modérées toutefois en altitude et en Val de Saône grâce à l’action adoucissante du vent : 31.6° au Crêt-de-l’Oeillon, 32.3° à Montmelas, 33.1° aux Sauvages, 33.4° à Anse, 33.6° à Pommiers-en-Beaujolais, 35.2° à Villefranche et St-André-la-Côte, 35.6° à Violay, 35.8° à Montchal Fontanes, 36.3° au Breuil et St-Vérand, 36.8° à Feurs Randan, 37° à Riorges et Bully, 37.9° à Montchal Chanin, 38.5° à St-Symphorien-sur-Coise, 38.6° à Feurs.

La palme du contraste revient sans conteste au poste implanté au bord de la retenue de la Semène à St-Genest-Malifaux : il y a fait –31.5° le premier mars et 17.7° le 20, soit une amplitude mensuelle de 49.2° !

Pris dans son ensemble, la température moyenne mensuelle est tout à fait banale pour un mois de mars : on note des excédents de 0.3° à Bron, 0.4° à Andrézieux, ainsi qu’un très léger déficit de 0.1° à Villefranche-sur-Saône.

 

Ce froid qui n’en finit pas.

La vague de froid commencée le 13 février empiète largement sur le mois de mars ; elle atteint son paroxysme le premier, où, comme il l’a été écrit dans la précédente chronique, de nombreux records mensuels de froid tombent. Une nouvelle offensive neigeuse se produit du 3 au 9, la couche de neige au sol devient maximale le 7 en dépassant 40 cm à Violay. En ce matin du 7, les thermomètres restent bien bas, surtout en montagne : -12.2° sur la crête des Sauvages, -12.1° à St-André, -10.6° à Violay, -9.3° à Montchal F., -6.7° à Feurs, -5° à Villefranche, -4.2° à Bron. Une semaine plus tard le froid abandonne enfin la partie, on retrouve en effet dès le 14 des températures maximales supérieures à dix degrés. Le nombre de jours consécutifs avec gel (c’est-à-dire lorsque la minimale est négative) atteint 30 sur les hauteurs comme aux Sauvages, Violay, St-André ou Montchal F. ; une aussi longue période de jours de gel ne s’est jamais vue dans ces localités depuis au moins 1994. Les jours sans dégel (c’est-à-dire lorsque la maximale est négative) sont eux aussi très nombreux sur les monts ; on en compte 23 aux Sauvages, 21 à Violay, 17 à St André uniquement durant cette vague de froid. Après le 14, le tapis blanc s’attarde encore quelques jours sur les hauteurs, il subsiste dans les ubacs au dessus de 800 m jusque vers le 17, les traces de congères et névés résistent ça et là jusqu’en fin de mois vers Violay ou St-André. Dans l’agglomération stéphanoise, particulièrement enneigée lors de ces invasions perturbées de nord, la durée d’enneigement sur le haut de la ville atteint 31 jours. D’après Gérard Staron, auteur de la thèse « L’hiver dans le Massif Central Français », cette durée d’enneigement (nombre de jours où le sol est, au moins pour moitié, couvert de neige) est la plus longue depuis au moins l’après guerre.

 

Arrivée fracassante du printemps.

Après cette longue période froide, le printemps s’impose en force. La première hirondelle est aperçue le 14 à Chambéon à l’écopole du Forez ; dès le lendemain, un record de douceur tombe à Andrézieux, beaucoup d’autres suivront jusqu’au 20. Du 13 au 20, on assiste au grand retour du soleil qui brille alors en moyenne plus de 10 heures par jour : 79 h à Satolas, 82 h à Bron et à Andrézieux, 83 h aux Sauvages durant cette période de 8 jours. Pas de doute, le printemps tient à se faire pardonner son retard. Avec un tel ensoleillement et un vent résolument orienté au sud, les maximales ne se contentent pas longtemps des 10°, elles dépassent rapidement les 15 puis les 20 degrés au point de battre de nombreux records de douceur, certains vieux de plus de 80 ans, comme à Bron les 16 et 19 mars, par exemple, où il n’avait jamais fait aussi chaud ces jours ci (22°) depuis le début des mesures météo. Les maximales les plus élevées se produisent : le 17 au Breuil 23.2°, à Pommiers 23.3°, à Villefranche 23.7° ; le 21 à Montchal F. 20.7° , Montchal C. 21.6°, Feurs 23.1°. Tous les thermomètres dépassent 20° sauf ceux de St-André (19.7° de maxi le 19) et des Sauvages (18.6° de maxi le même jour). Il faut bien préciser que ce dernier poste de mesure ne se situe pas dans le village même des Sauvages, mais sur une crête ventée perchée à plus de 100 m au dessus des habitations.

 

Basses eaux.

La pluviométrie n’est pas importante en ce mois de mars. Contre toute attente, c’est le poste de Riorges qui possède le plus gros cumul mensuel avec 40 mm. En cette localité, il tombe habituellement 38 mm en mars, c’est bien la seule à être excédentaire ce mois ci. Les pluies orageuses du 22 ont particulièrement bien servi le Bassin Roannais avec 19.4 mm à Villerest, 18 à Riorges, mais plus que 9.5 mm à Balbigny, 5.5 à Feurs R., 5.2 à Montchal C., 4.7 à Montrottier.

A l’échelle nationale, certaines régions souffrent déjà de la sécheresse, ce n’est –au jour d’aujourd’hui- pas le cas chez nous. Depuis début octobre 04, c’est-à-dire depuis l’atténuation de l’évaporation due aux végétaux et aux températures élevées, le total des précipitations s’élève à 522 mm à Violay pour une normale de 445 mm, 348 mm à Andrézieux contre 273 habituellement, 384 mm à Villefranche soit 117 % de la normale. Même si on inclut dans ce décompte le très sec mois de septembre, on arrive encore à un nombre de millimètres supérieur à la moyenne ; n’oublions pas le mois d’août qui a été, en Plaine du Forez, le plus arrosé depuis au moins 59 ans. Evidemment, ces hauteurs d’eau tombées du ciel doivent être confrontées à celles qui, durant la même période, se sont évaporées du sol et des végétaux herbeux. A Andrézieux, ces hauteurs d’évaporation ont été de 48 mm en octobre, 14 en novembre et 12 en décembre ; on peut raisonnablement estimer à moins de 150 mm cette hauteur d’eau retournée à l’atmosphère durant ces 6 derniers mois ; on constate là encore un net excédent de la balance hydrique.

Voici le maigre cumul millimétrique relevé ce mois ci par  les pluviomètres du voisinage, la neige fondue est bien entendu comptabilisée dans ces nombres : St-Symphorien 15, Satolas 18.6, Bron 20.2, les Sauvages 20.8, Bully 21.3, le Breuil 22.1, Montrottier 22.2, Feurs R. 22.3, Montmelas 22.7, Balbigny 22.8, St-Vérand 24.3, Corbas 25, Anse 28.5, Andrézieux 28.6, St-André-la-Côte et Montchal F. 30.9, Villefranche 32.3, Villerest 32.8, Pommiers-en-B. 34.6, Montchal C. 35.9, Crêt de l’Oeillon 37.2 (38 en février), Violay 37.4, Riorges 40.

 

A Violay le 6 avril 2005

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://meteo.chez.tiscali.fr.chez.tiscali.fr/indexclim.htm