retour au sommaire.

 

Janvier 2005

Les trois visages de l’hiver.

 

Pris dans son ensemble, le premier mois de l’année est un janvier bien classique : juste dans les normes thermiques en plaine et en fond de vallée (excédent moyen de 0.2° au Breuil de 0.1° à Bron, déficit de 0.2° à Andrézieux), légèrement plus doux que la normale sur les monts (0.5° de surplus à Violay). Sa pluviométrie est elle aussi banale : un peu déficitaire en Plaine du Forez avec 82% de la normale à Andrézieux, 77% à Feurs, mais habituelle sur les montagnes et en vallées (98 % à Violay, 96% au Breuil). L’ensoleillement est en revanche fort excédentaire : 117 heures à Bron, 108 à Andrézieux et aux Sauvages contre respectivement 63, 87 et 64 h en temps normal.

Considéré plus en détail, ce janvier comporte clairement trois périodes climatiques d’inégale durée ; ces trois types de temps résument en fait assez bien la variabilité des hivers dans notre région. Le premier d’entre eux s’étale sur toute la première quinzaine et en déborde même un peu : c’est le temps de l’anticyclone, celui des hautes pressions qui amènent invariablement à cette époque des journées calmes et souvent plus douces en altitude qu’en plaine et vallées. Durant ces 17 premiers jours, le soleil brille 92.5 heures à Andrézieux, 86.4 aux Sauvages et 80 à Bron soit plus de deux fois la durée habituelle. Bruine brouillard et pluie sont au menu du second type de temps, il dure cinq jours du 18 au 22 et fournit à lui seul les trois quarts des précipitations mensuelles. Neige, bise et grand froid s’invitent enfin à partir du 23, ils couvrent la région de blanc et font plonger les thermomètres en dessous de –10°.

 

Sous le baromètre, la plage.

L’aiguille des baromètres élit domicile sur « beau temps sec » durant toute la première moitié de mois. La pression atmosphérique réduite au niveau de la mer atteint alors des valeurs rarement observées un début janvier. Cette fameuse pression n’est rien d’autre que celle qui serait lue sur un baromètre à mercure disposé au fond d’un puits de mine de profondeur égale à l’altitude de votre domicile. N’ayez crainte, vous ne risquerez pas de tomber dans une fosse en allant prendre votre avion à Andrézieux ou à St-Exupéry ; quelques formules mathématiques suffisent aux météorologistes du Monde entier pour calculer précisément cette pression. La moyenne, calculée sur les 55 dernières années, de la pression-mer à Lyon-Bron pour la première quinzaine de janvier est de 1020 hPa. Cette année nous arrivons à 1032.7 hPa, ce qui constitue un record depuis au moins 1949. C’est lundi 3 que le baromètre pousse le plus haut sa colonne de mercure : 1041.4 hPa à Bron à 23h et même 1041.8 hPa à Andrézieux deux heures auparavant. Le record de haute pression-mer lue à Bron depuis 1949 est de 1046.5 hPa, le 15 février 1959. Avec de telles pressions les précipitations sont insignifiantes, les journées bien ensoleillées et les températures particulièrement douces pour un début janvier. A Andrézieux, deux records de hautes maximales sont battus les 8 et 9 avec respectivement 16.7° et 15.7° ; samedi 8 est la journée la plus printanière du mois avec des maxis de 13.4° à Bron, 13.5° à St-Vérand, 14.4° à Pommiers-en-Beaujolais, 15.6° au Breuil, 15.9° à Feurs Randan, 16.3° à Feurs, 16.4° à Bully. Les hautes terres ne sont pas épargnées par cette atmosphère tiède puisqu’on relève au plus doux de l’après-midi 12.5° à Violay, 12.7° à Montchal Fontanes, 13.2° aux Sauvages, 13.5° à St-André-la-Côte, 14.5° à St-Symphorien-sur-Coise, 15° à Montchal Chanin. Cette belle période anticyclonique permet une nouvelle fois de tordre le cou à la rumeur qui prétend que la vision du Mont Blanc est signe de pluie imminente. Du 4 au 16, on voit au moins 8 fois les Alpes de Violay et il ne tombe (rosée incluse !) durant ces 13 jours que 1.9 mm à Bully, 0.8 à Andrézieux, 0.5 à Balbigny…

 

Après le beau temps, la pluie.

Mardi 18 marque la fin de la belle époque ; nous entrons à présent dans des temps beaucoup plus agités, sombres, voire menaçants. La pluie arrive à la mi journée et se change rapidement en neige au dessus de 400 m environ, on signale vers 14h 30 quelques coups de tonnerre dans le stéphanois, des rafales de vent atteignent 80 km/h sur l’aéroport d’Andrézieux, sans doute beaucoup plus sur les hauteurs exposées. Le ton est donné. Les deux jours suivants sont humides et désagréables en montagne empêtrée dans le brouillard et le crachin. La pluie tombe en abondance les 21 et 22, le cumul de l’ensemble de ces deux journées atteint 9.9 mm à Riorges, 11 à Feurs, 11.9 à Balbigny, 14.5 à Feurs R., 16.8 à Bron, 20.4 à Anse, 21.7 à Pommiers-en-B., 25.2 au Breuil, 26.2 à Bully, 27.3 à Montchal Chanin, 30.9 à Violay, 31.4 aux Sauvages, 32.8 à Montchal F, 33.2 à Montmelas, 33.7 à St-André, 36 à St-Symphorien, 42.5 à St-Vérand. La lame d’eau recueillie lors de ces deux journées pluvieuses représente environ la moitié des précipitations mensuelles ; la campagne bruisse de nouveau de mille rus qui n’auront pas le temps de former de grandes rivières, le gel les figera.

 

La semaine du blanc.

Le troisième visage de l’hiver apparaît en dernière semaine, le froid humide s’installe sur la région et brade ses flocons à toutes altitudes. La plaine reçoit environ 5 cm, 10 cm pour Violay et St-André-la-Côte. Comme bien souvent lors de ces situations perturbées de nord, le massif du Pilat freine considérablement les bouffées floconneuses en partance pour le sud, on mesure alors un peu plus de 20 cm de neige sur les hauteurs de la ville de St-Etienne. Mardi 25 est particulièrement glacial en montagne, la maximale ne dépasse pas -6.2° à Violay et St-André, –6.3° à Grammond, -6.9° aux Sauvages, -10° au col de la Loge. Le lendemain, la bise se déchaîne, elle est si violente que certains prés sont totalement déblayés sur plusieurs hectares. La température ressentie au vent (qui est celle qui nous refroidirait à la même vitesse dans un air calme) se situe vers –30° sur les crêts de Violay et sans doute en bien d’autres endroits exposés à la bise. Les plus hautes congères mesurent 1 m à Violay, cette hauteur n’a rien d’exceptionnel en elle-même, mais elle le devient lorsqu’on la rapporte à l’épaisseur de la couche moyenne : 10 cm seulement. Malgré le soleil, la température maximale descend encore, il ne fait que –6.7° à Grammond et aux Sauvages, -11° au col de la Loge au meilleur moment de la journée. Le point d’orgue de cette vague de froid a lieu le 30 au matin, les minimales sont alors largement en dessous de –10° avec –9.5° à Feurs R. St-Vérand et –9.6° à Feurs pour l’exception, –11° à Montchal C., -11.6° au Breuil où il n’avait jamais fait aussi froid lors d’une dernière décade de janvier depuis au moins 1969, –11.7° à Montchal F., –12° à Violay et Bully, -12.4° à Grammond, -13.4° aux Sauvages, -13.5° à St-André, -14° à St-Symphorien -14.2° au col de la Loge. Lyon ainsi que le Val de Saône subissent un froid plus modéré avec au plus bas –8.9° à Pommiers-en-B., -8.6° à Montmelas, -7.4° à Bron, -7.3° à Anse et Mâcon. Ces centimètres de neige fournissent quelques millimètres d’eau supplémentaire, les cumuls mensuels s’élèvent finalement à 27 mm à Feurs R., 29.4 à Satolas, 29.8 à Balbigny, 31.4 à Bron, 39.9 à Anse, 43.2 à Pommiers en B., 46.2 au Breuil, 61.4 à Montchal C, 62.6 aux Sauvages, 63.5 à Montrottier, 64.6 à St-André, 66 à St-Symphorien, 66.9 à Violay, 68.3 à Montchal F., 78.8 à St-Vérand.

 

A Violay le 2 février 2005

M. Gagnard

m.gagnard@univ-lyon1.fr

http://meteo.chez.tiscali.fr.chez.tiscali.fr/indexclim.htm